La folie des manga

 La folie, c’est un terme qui n’a plus le même sens qu’auparavant, elle folie maladie mentale dans les manga camisole hôpital psychiatrique désigne maintenant quelque chose qui sort de l’ordinaire je dirais presque quelque chose d’originale, qui n’est pas comme tout le reste voire qui sort du moule. L’évolution du sens des mots est quelque chose de normal, aujourd’hui on parlera de maladie psychiatrique. Ce qui va m’intéresser ici c’est le rapport à la folie/maladie psychiatrique dans les mangas. Pour cela je vais tenter de faire une petite définition avant de mettre en lumière ces comportements par le biais de nos précieuses œuvres nippones. Les « fous » ont toujours été mis de côté depuis très longtemps, autrefois la folie avait un rapport avec l’hérésie, avec dieu. C’était donc une maladie dite religieuse, folie maladie mentale dans les manga Jack Nicholson Shining psychopathemais avec l’avancée des recherches durant le XVII ème siècle, les médecins ont récupérés ces fous pour les mettre dans des asiles. L’aliénation qu’ils avaient devaient être cachée plutôt que soignée. Mais c’est avec les recherches de certains psychologues et psychiatres qu’on connait un peu mieux la folie de nos jours. On parle maintenant de maladie psychiatrique et la santé mentale est prise en compte autant que la santé physique. On va séparer les maladies mentales en deux catégories, la première serait de type névrotique (les névroses ex : phobies, TOC, dépression…) avec un malade qui a conscience de sa maladie contrairement aux maladies de type psychotique (les psychoses ex : schizophrénies, bouffées délirantes etc.). On a de la chance (ou pas) car on va avoir un bel éventail de toutes ces « folies » représentées, je vais illustrer mes propos avec quelques exemples.

 

Tout d’abord, on retrouve énormément de traces de folie dans lesfolie maladie mentale dans les manga soul eater kurokawa manga, certaines œuvres l’ont même prise comme sujet principale, un titre comme Soul Eater qui du premier abord ressemble à un shonen aventure/action très banal (très bien en plus), en cherchant un peu mieux on peut aisément trouver ce thème récurrent dans toute l’œuvre. Déjà le méchant de l’histoire est complètement enfolie maladie mentale dans les manga soul eater kurokawavahi par la folie et il est phobique puissance dix refusant de sortir parce qu’il a peur des autres. On se retrouve donc avec une forme de d’angoisse aiguë causée par la foule, cela s’appelle l’agoraphobie. Les héros eux-mêmes se détachent progressivement de la réalité (une psychose en devenir). Death the kid lui est envahi par ses Troubles Obsessionnels Compulsifs, s’en est même comique avec la mise en scène de ses crises qui sont vraiment représentatives de ces névroses. On sent bien que ce thème est omniprésent et amène une certaine atmosphère aussi bien dans l’anime que dans le manga.

 

Dans Psycho Pass, l’auteur a choisi d’inventer un folie maladie mentale dans les manga Psycho passmoyen d’éradiquer les troubles psychiatriques à la racine, je dirais même avant que la racine soit là et ce, avec des pistolets appelés les « dominateurs ». Avec ces armes, la brigade spéciale peut analyser l’état mental de la population et ainsi anticiper des futurs crimes en arrêtant les personnes étant dérangées psychologiquement en amont. Une mesure plus que radicale qui verra ses limites rapidement…

Dans MDP Psycho, on est folie maladie mentale dans les manga MDP psycho Eiji Otsukacarrément dans la multiplication des personnalités, une schizophrénie ultra rare mais qui permet d’élaborer des scénarios particulièrement intéressants. Imaginez, les protagonistes ayants des caractères complètement différents mais ayants le même corps et aucun souvenir lors d’un changement de personnalité. C’est assez tordu comme idée de base, mais ça laisse vraiment la place à plein d’événements dans un manga ! Dans un manga de Usumaru Furuya «l’âge de déraison » les jeunes personnages sont en proie à leur détresse et se réfugient dans un imaginaire qui leur est propre à l’extrême. Cette déconnexion de la réalité à ce stade est clairement un signe de psychose et l’auteur est coutumier du fait, puisque  il traite une autre forme de désordre mentale dans Tokyo magnitude 8.0, je n’ai vu que l’anime donc je me baserai dessus, l’œuvre est l’illustration de ce qu’il peut y avoir lors d’un traumatisme psychique, notamment après un tremblement de terre de grande ampleur, le stress post traumatique est bien décrit dans cette oeuvre sur le plan clinique de la pathologie.

folie maladie mentale dans les manga Sayonara Zetsubou Sensei

Sayonara Zetsubo Sense

Dans Sayonara Zetsubo Sensei, on a un personnage principal qui n’est pas totalement fou, quoique, mais qui est dans une dépression sévère à vouloir se passer la corde au cou tous les quatre matins. Le suicide est un problème majeur au Japon avec des nombres hallucinants. La mort volontaire est une pratique ancestrale au Japon le seppuku en est un bon exemple, mais les dernières décennies ont vues leur nombre augmenter. On n’est clairement pas dans ces mêmes pratiques, les pressions exercées sur les employés, les chocs de cultures avec le Japon qui veut s’occidentaliser, les malaises des gens qui souffrent de problèmes relationnels, tous ces facteurs ont amené la population à plus se suicider. C’est plus compliqué que ça, je vous mets un lien vers une étude qui tente d’expliquer un peu plus en profondeur les problèmes sociétaux japonais.

folie maladie mentale dans les manga Raoh Hokuto no Ken Tetsuo Hara Buronson

Raoh dans Hokuto No Ken

Je vais parler d’une autre sorte de folie qui est très présente dans les manga, je vais l’appeler « la folie des grandeurs »ou connue sous le nom de mégalomanie. On croise souvent des personnes (souvent les méchants mais pas que) dans les œuvres qui ont entièrement perdu la raison. Cette déconnexion est due au fait que ces personnages ont des ambitions surdimensionnées, quelqu’un comme Raoh dans Hokuto No Ken est un tyran sanguinaire écrasant tout sur son passage jusqu’à ses propres frères. On peut aisément considérer que Raoh est complètement fou, il se désintéresse de tout ce que le commun des mortels a besoin pour assouvir son objectif. Cette folie des grandeurs est observable dans beaucoup d’œuvres, Orochimaru dans Naruto est prêt à tout renier pour assouvir sa soif de connaissance. Traîtrise en tout genre, meurtre, que dis-je ? Sacrifices, pour lui tout est possible sans notion de morale, ce qui montre quelles sont ses valeurs en ce qui concerne ses confrères « êtres humains ».

folie maladie mentale dans les manga Usumaru Furuya Litchi Hikari Club IMHO

Litchi Hikari Club

Dans Litchi Hikari Club (encore de Usumaru Furuya) Zera le chef de la bande est aussi un tyran qui est prêt à tout pour son intérêt et celui du groupe. Il est persuadé du bien fondé de ses actions un peu comme le ferait un dictateur, si je prends Hitler comme référence on va crier au « godwin point », donc je prendrai plutôt Mussolini comme exemple. Pour le bien de son peuple il a fait les pires atrocités. Est-ce que ces personnes sont folles ? On peut clairement dire que oui, mais malgré tout ils devaient quand même se rendre compte de la gravité de leurs actes, ou alors ils étaient complètement dissociés de la réalité. Une chose est sûre c’est qu’on les considère volontiers (les dictateurs et les personnages cités) de fous psychopathes.

folie maladie mentale dans les manga Mirai Nikki Yuno Gasai psychopathe

Yuno Gasai dans Mirai Nikki

Ce qui m’amène à faire un constat sur le lectorat des manga. Il y a une fascination pour les personnages psychopathes. Est-ce par défoulement ? Pour exorciser ses pulsions les plus macabres ? Je ne sais pas, mais si les gens se passionnent pour ces anti-héros extrémistes il doit bien y avoir une raison ! Un personnage comme Yuno Gasai dans Mirai Nikki a une fanbase assez grande, elle est portée au stade d’égérie de la psychopathie. Ce qui me pousse à m’intéresser au pourquoi est-elle adorée ? Je n’aurai une fois de plus pas de réponses. Il y a d’autres personnes correspondant à ce profil, Kira dans Death Dote, c’est moins sanglant mais tout aussi efficace. Et que dire de Lelouche Lamperouge dans Code Geass qui pourrait aussi être mis dans la catégorie psychopathe et « folie des grandeurs ». Il y en a tellement que je pourrais les citer tous, d’ailleurs vous pouvez faire une liste dans les commentaires pour savoir qui est le plus fou ;).

folie maladie mentale dans les manga kuuchuu buranko

Kuuchuu Buranko

Dans un anime appelé Kuchuu Buranko (trapèze), un docteur psychiatre s’occupe de ses patients atteint de troubles psychologiques. Ils les traitent de manière légèrement fantasque néanmoins ces troubles existent vraiment et il est ajouté une touche de fantaisie dans la présentation des maladies pour rendre le tout plus digeste et plus intéressant. Sans oublier une infirmière sexyfolie maladie mentale dans les manga survival game Battle royaleIl y a un genre de manga très prisé par les lecteurs et dans lequel on trouve tout un tas de fous. Pour être exact, ils le deviennent au fil de l’histoire. Ce genre c’est le survival game ! Les situations exposées dans ces manga sont tellement extrêmes que les protagonistes, pas tous heureusement, deviennent complètement fous. Certains vont se métamorphoser en Rambo, devenant ultra tactiques et recherchant l’efficacité dans la survie. D’autres vont s’effondrer ou se mettent à courir sans but, laissant toute leur énergie vitale derrière eux ainsi que leur raison. D’autres encore deviendront des machines à tuer pour le plaisir, on voit clairement que dans des situations de stress intenses les gens perdent leur attachement à la raison. C’est ce qu’on peut appeler la folie et il existe tout un tas d’œuvres exploitants ce genre. De King’s Game en passant par Battle Royal (un pionnier dans ce genre), les mangas se sont déclinés dans plein de styles différents, c’est aussi ce qui a fait son succèsfolie maladie mentale dans les manga survival game King's Game. Dans les survivals, les personnages et le contexte sont mis en avant rendant ce style vraiment passionnant (malheureusement souvent mal exploités) avec des constructions et déconstructions de personnages intéressantes. Ce côté psychologique est recherché dans des œuvres telles que Gantz ou Doubt. Tout en étant différents ils arrivent à avoir des caractéristiques communes, malgré tous ces éléments positifs, le survival commence à s’essouffler, en effet il a été mis à toutes les sauces et on a du mal à avoir quelque chose d’innovant dans ce domaine, dernièrement j’ai trouvé chaussure à mon pied avec Ladyboy VS Yakuza qui réinvente le genre (attention pour public averti).

folie maladie mentale dans les manga Suehiro Maruo eroguro

Illustration by Suehiro Maruo

Passons maintenant à ceux qui inventent ces manga, les mangaka, sont-ils fous ? Pour que de telles idées sortent de leur psyché il doit bien y avoir un brin de folie ! Comment peut-on inventer autant de situations différentes aussi dingues les unes que les autres ? Parfois elles sont tellement sordides que la simple vision de certaines illustrations est presque insoutenable. Je fais référence au style sous représenté en France, l’Eroguro. Très connu au Japon, il l’est nettement moins dans l’hexagone, ses aficionados ne sont pas des criminels en puissance malgré les thèmes complètement fous de ces manga. On y parle de viols, de meurtres, de relations sexuelles déviantes à l’extrême, un peu à l’instar des freaks shows si populaires à une époque, les auteurs de manga ont ce côté mystérieux pour nous occidentaux, ce côté fou imputé aux génies. D’ailleurs entre les deux la frontière a toujours été très mince, un Vincent Van Gogh se coupant une oreille ne laisse pas planer le doute sur les caprices de son psychisme ! On peut donc en déduire que la folie créatrice de nos mangaka préférés est toute à notre avantage.

 

Pour revenir folie santé mentale dans les manga NHK ni youkososur les personnes se décrochant de la réalité, je pourrai aborder le thème des personnes recluses chez elles, les hikikomori comme ils sont appelés dans leur pays. C’est un problème qui atteint différents niveaux chez les japonais Tout d’abord dans leur famille, c’est une source de conflits et d’incompréhensions, puis sur le plan social plus large. Les hikikomori ne sortant plus sont vraiment coupés du monde des vivants en « 3D ». J’emploie ce terme volontairement car la légende voudrait que ces personnes se laissent volontiers vivre dans un univers peuplé de personnages de manga ou de jeu vidéo. Cela reste des stéréotypes qui demanderaient à être vérifiés, mais si on se base sur NHK ni youkoso c’est la vision qu’on nous en donne. Plus sérieusement je vous invite à aller voir un film documentaire appelé « derrière la porte » qui traite de ce sujet.

folie maladie mentale dans les manga junji ito spirale uzumaki tonkam

Spirale

Pour conclure, je nuancerai tous les propos que j’ai pu avoir sur les maladies mentales ou troubles psychologiques sachant qu’on a tous un petit peu de folie en nous. Maintenant à savoir quel type nous représente ? On est construit psychiquement sur une base névrotique donc pas d’inquiétude à avoir on a tous une tare ! Comme je le dis souvent, les manga que nous lisons sont malgré le côté fantastique et surnaturel un reflet de la société. Il est donc normal d’avoir des malades mentaux dans ceux-ci, Junji Ito dans une conférence donnée à Angoulême pour le festival 2015 s’accordait à dire que la bienséance en tant qu’auteur était de ne pas trop parler de ce genre de malades (cf vidéo question à 53 min 54 s), je trouve ça dommage car il faut de tout pour faire un monde et on doit voir de tout  selon moi. Heureusement que d’autres auteurs ne pensent pas comme lui et laissent libre court à leur fertile imagination. Je finirai par une citation d’un célèbre fou/génie Albert Einstein : « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.

L’otaku poitevin

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3 réflexions au sujet de « La folie des manga »

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  2. En lisant je me disait « ça sent l’otaku poitevin cet article » XD je me suis pas trompée 😀

    Cela me fait penser à l’article de Yomu-chan sur l’effet catharsis de la violence dans le manga, son explication quant au goût du lecteur pour la violence peut très bien s’appliquer aux goût pour les personnages dérangés. Je pense aussi aux séries télévisé américaines comme Dexter. On aime regarder ce que notre raison/morale nous interdit de faire.
    Perso moi j’ai du mal avec erogoro, ça va trop loin pour mon âme sensible. Avais-tu assisté à la conférence donné à Angoulême par Maruo ? J’avais trouvé ça très intéressant mais j’ai toujours pas lu les manga de lui que je m’était acheté pour l’occasion.

    • Non je n’étais pas présent à sa conférence. Personnellement je ne suis pas fan de ce genre, j’ai bien feuilleté quelques livres du Lézard noir, mais je n’accroche pas. Ça va loin c’est vrai mais c’est dans l’intérêt même de la lecture que je ne m’y retrouve pas. J’ai lu d’autres mangas qui allaient très loin et plus passionnant selon moi bien sur.
      Et effectivement le côté observateur du lecteur/téléspectateur sur des titres mettant en scène des actes moralement et juridiquement interdit est indéniable. Il y a ce coté interdit qui fascine, les films comme Scarface, et tout autres films de gangsters passionnent. L’attrait de l’interdit pourrait bien être un très bon sujet d’article tiens ! 😉 En tout cas merci pour tes retour ça fait plaisir.

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