Soldats de sable [critique]

Auteur : Susumu Higasoldat de sable

Année de parution : jp 1995 France 2011

Editeur : Le Lézard Noir

Cible éditoriale : seinen

Genres : historique, social, guerre, histoires courtes







soldats_de_sable_image1Histoire :

Susumu Higa traite, dans ce recueil d’histoires, de la fin de la guerre du pacifique* dans la région d’Okinawa, qui a beaucoup été touchée par les désastres de celle-ci. La particularité de ces histoires est que le point de vue est celui des civils, c’est-à-dire de leurs rapports avec la grande armée impériale japonaise qui est sur le point d’être défaite et donc dans une posture plus qu’humiliante. Mais c’est aussi avec les américains à qui Susumu donne un aspect beaucoup plus humains qu’on pourrait le croire.




soldats de sable 4Par exemple, on suit la fuite avant l’arrivée des américains d’une mère et de ses enfants avec toutes les difficultés qui vont avec une telle exode. La difficulté étant de trouver de la nourriture ou de se loger afin de ne pas faire dormir ses enfants dehors et garder ainsi un peu de dignité. De plus, on voit  la cohabitation entre l’armée japonaise et les petits villages ruraux, la quasi obligation pour les villageois de s’entraîner aux arts de la guerre malgré leur souhait de rester en dehors des combats. L’évacuation des civils par les américains y est aussi contée de manière très humaine avec l’utilisation d’autochtone comme traducteur. Le livre se finit par une postface très intéressante avec une interview de l’auteur.

 



Critique :

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Susumu Higa est un homme originaire de la région d’Okinawa et a grandi dans une région en reconstruction, la grande guerre du pacifique ayant fait des ravages dans ces petits villages. On connait tous les horreurs de la guerre, pas pour les avoir vécues mais  par l’intermédiaire des médias qui nous décrivent les catastrophes, les morts, les sévices, les humiliations, etc. Là, l’auteur décrit les américains comme des gens qui ne veulent pas que la population souffre d’avantage. A contrario, les japonais (l’armée) se doivent de continuer la lutte même si la guerre est finie et ordonne régulièrement aux civils de se suicider en emportant un maximum d’ennemis. Pour ça, ils distribuaient régulièrement des grenades, femmes et enfants y compris. L’armée impériale avait activement participé à ces horreurs, surtout quand on sait que certains militaires s’en sont tirés au détriment des civils ! Chaque histoire se lit bien, le dessin est réaliste avec des traits fins et soignés, les décors sont précis dans un style particulier.

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On est rapidement plongé dans le quotidien des villageois avec leurs problématiques très terre à terre, les enfants se soucient de leur école qui va être déplacée, les adultes, eux, se préoccupent des champs qui sont dans un état pitoyable après les bombardements. Les sentiments de peur ou encore d’inquiétude pour leur future sont très bien montrés avec le dessin et les dialogues.

D’autre part, ce qu’il s’est passé dans cette période est assez méconnue par nous occidentaux, il nous est ainsi dévoilé, ou du moins en partie les quelques lumières sur cette guerre, le prolongement de la mémoire des anciens par un auteur soucieux. C’est pourquoi beaucoup de ces récits ont été recueilli par ses soins auprès des personnes âgées de son village ou même par sa propre mère. Il les a romancés et mis en scène dans un bel ouvrage à découvrir.

*guerre du Pacifique: nom donné pour la partie de la seconde guerre mondiale qui se déroulait dans l’océan Pacifique, elle débuta en 1941 et finit par la capitulation du Japon en septembre 1945.

l’otaku poitevin

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