Onirisme, quand tu nous fais rêver.

Souvent utilisé par quelques spécialistes ou passionnés de mangas,onirisme manga mangalerie mushishi de littérature ou encore de film pour définir certains types d’œuvre, l’onirisme est un concept qui peut paraître assez flou. En effet si le terme évoque un rapprochement à de la rêverie ou du rêve, comment peut-il être utilisé dans nos mangas préférés ? Comme d’habitude, je prendrai quelques mangas pour illustrer mes propos sans me lancer dans une course à « l’univers onirique ». Bien entendu ce que j’écrirai ici ne concernera que ma façon d’interpréter les définitions ainsi que les œuvres supports utilisées. Beaucoup d’autres noms de mangas pourront être cités si vous le voulez dans les commentaires, car commenter c’est partager et partager, c’est, partager !

La définition et notre représentation du rêve/de l’univers onirique

Comme dit plus tôt l’adjectif onirique se rapporte aux rêves, onirisme manga mangalerie la musique de Marieque ce soit un rêve éveillé ou non. Une notion de délire dans le sens psychiatrique du terme peut également être mentionnée. La seule précision qu’on peut en avoir dans les dictionnaires est ce rapport au rêve. Très souvent utilisé par des artistes de tout genre, l’onirisme est sensé nous plonger éveillé dans un univers imaginé. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que telle ou telle œuvre a une tonalité onirique. Et ce consensus fait état d’un bien être, un rêve c’est agréable non ? Cette sensation de bien-être peut se manifester de plusieurs manières, par un visuel, par une ambiance, des personnages ou encore par le scénario. Si une définition précise des « mondes » inventés par les artistes semble être impossible car unique à chaque artiste, il me semble pourtant évident que les auteurs ont souhaité nous immerger dans un univers cotonneux, ou la douceur est maîtresse mot. C’est ma représentation du rêve, est-ce la vôtre ?

onirisme manga mangalerie la musique de MarieParfois l’onirisme est représenté par des formes et des personnages doux ou des décors pêchus à l’étendue infinie. Il ne faut pas de limite dans un rêve, l’horizon doit rester dans l’imaginaire avec des contours flous laissant l’imaginatif se mêler au contemplatif. Un titre comme La musique de Marie (évoqué dans cet article) par Usamaru Furuya nous présentera cette sensation de flottement, de « petit quelque chose » imperceptible mais tellement représentatif d’un univers dit onirique. Quand on prend le point de vue du protagoniste principal on sublime cette représentation de l’onirisme, en plus de la divinité volant au-dessus des têtes de tout le monde il peut entendre une douce musique émanant de la déesse. Dans ce titre, l’auteur a recréé un monde sans technologie avancée, avec une sorte d’ambiance bienfaisante se reflétant sur les habitants. Selon mes représentations de ce qui se veut onirique, on est dans le paroxysme de la représentation du terme. Des formes, des paysages, des cultures qui n’existent que dans les rêves ou dans ce manga. De plus dans ce monde les gens ne se querellent jamais. Les conflits inexistants dans un monde… Le rêve absolu pour tout optimiste qui soit.

C’est aussi la définition d’un monde fantastique me direz-vous ? onirisme manga mangalerie underwaterOui mais un monde fantastique seul ne parvient pas à immerger le lecteur comme s’il était dans un rêve. L’onirisme est-il basé sur uniquement de l’imaginaire ? Je pose la question car la rêverie n’est pas uniquement rattachée à du fantastique et le réalisme est également de la partie. Quoi de plus déconcertant qu’une part de réalité engluée dans de l’imaginaire ? Les frontières entre le rêve et la réalité deviennent de plus en plus obscure. On a tous déjà fait un rêve qui parait tellement réel qu’il nous déstabilise, nous laissant pantois au réveil. Nous laissant heureux d’en sortir mais en même temps déçu de ne plus y être. Dans Underwater l’onirisme prend cette tournure avec un savant mélange des ingrédients précédemment cités. On ne sait plus si on est dans le passé ou dans le présent, dans la réalité ou dans un rêve. Cette vieille maison d’un autre temps sort directement d’un rêve de l’auteur, c’est ce qu’on se dit en lisant ce manga. L’auteure est d’ailleurs habituée aux univers oniriques et poétiques, elle est la créatrice du merveilleux mushishi.

 

 

Poésie dans l’onirisme ?

onirisme manga mangalerie l'ere des cristauxLa poésie, le dictionnaire en ligne la définit comme « l’art d’évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l’union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers ». Cela paraît évident qu’il y a une dimension poétique dans l’onirisme. Si on suit à la lettre cette définition on peut aisément trouver des mangas ayants ces attributs. Je prendrai l’exemple du magnifique « L’Ere des Cristaux » de Haruko Ichikawa. L’univers créé est épuré, les lignes sont claires, simples, malgré le noir et blanc du manga on s’imagine de grandes étendues blanches laissant penser à un calme proche de la méditation. Cette ambiance créée par l’auteur est parfaite pour exacerber les ressentis du lecteur. Les émotions que nous procurent ces décors et l’histoire qui est décrite sont précises, intrigantes et immersives, tout est fait pour développer l’empathie du lecteur. Lorsque Phos (le personnage principal) est dans le doute, nous le sommes aussi, lorsque la tristesse s’empare de lui (ou elle) on ne peut s’empêcher de comprendre ce qui le traverse. C’est comme si les émotions étaient en relief sur un décor en 2D et l’auteur sait comment nous les suggérer. On rejoint donc la définition du dictionnaire sur la poésie en se passant des sons, mais en ne se servant que des images. De plus, une certaine rythmique est imposée avec les moments de calme, de contemplation qui suggère parfois l’apaisement, parfois le questionnement et les moments d’actions, dans lesquels les cases sont plus onirisme manga mangalerie l'ere des cristauxintenses, plus marquées et assurément plus nerveuses. La suggestion de l’émotion, le rêve, la beauté qui se dégage de ce manga vient aussi du sentiment de pureté qui se ressent, le dessin épuré en est vraiment la cause, les personnages ont également leur rôle. Leur asexualisation fait partie du processus d’épuration de l’auteur, ils ne sont ni hommes ni femmes, ce sont des cristaux. Cela engendre de l’étonnement, mais aussi des questionnements sur leur relation, cela laisse une place au fantasme, pas dans le sens sexuel du terme. En même temps mettre les hommes et les femmes au même niveau relève (malheureusement) de la rêverie donc de l’onirisme. Pour finir avec ce manga, il suffira aux lecteurs de se pencher sur l’anime pour magnifier les détails évoqués ici, la réussite est certaine et l’ajout des éléments que sont le son et l’animation renforce véritablement la suggestion des impressions ou des émotions donc de l’onirisme.

Du rêve au cauchemar

onirisme manga mangalerie spirale

Spirale

Le cauchemar peut-il avoir une part d’onirisme ? Déjà le tout se passe dans un rêve, on peut donc potentiellement être dans le domaine de l’onirisme. Dans un cauchemar le rêve se veut pénible, contenant des éléments angoissants ou faisant peur. Si on s’en prend stricto sensu aux définitions du dictionnaire, un cauchemar peut être onirique, donc un manga peut être dans un univers onirique angoissant voir horrifique. Prenons l’exemple d’un manga dont nous avons déjà parlé sur Mangalerie, Spirale du maître de l’horreur Junji Ito. La situation des protagonistes mute doucement dans ce qui s’apparentera à une vie cauchemardesque. Les détails prennent place petit à petit, des spirales s’installent et leur environnement prend une tournure (désolé pour le jeu de mot) étrangement angoissante. Pour faire un lien avec les cauchemars, essayez de vous souvenir de ces rêves dont vous voulez absolument sortir mais chose qui vous est impossible. Le sentiment d’enfermement avec des éléments angoissants parfois horribles. Dans Spirale, ce sentiment est travaillé par l’auteur, il a représenté une sorte d’onirisme angoissant. Dans la suite de l’histoire, l’angoisse est démultipliée et la situation vire à l’horreur. Le maître a bien réussi son tour car tous les ingrédients d’un parfait cauchemar sont réunis. On peut clairement dire que le rêve n’a plus rien de bienfaisant ni ne déploie des sentiments, des émotions agréables. On est dans le total opposé, un onirisme angoissant.

Rêve final

onirisme manga mangalerie l'ere des cristauxPour finir avec l’onirisme, j’appuierai aussi sur le caractère esthétique des œuvres aux tonalités oniriques, en général l’auteur y a fait un travail de grande qualité pour permettre une immersion entière. Pour que le lecteur se prenne au jeu, qu’il se sente « comme dans un rêve » (ou un cauchemar) le dessin a une grande importance. L’effet recherché par l’auteur (pure spéculation de ma part) doit être la création d’émotions du lecteur et cela est également possible avec le background, le scénario et la rythmique de narration. Tous les éléments cités auparavant ont une importance pour créer un univers onirique. Je finirai par dire que peu importe la lecture, si le lecteur lit avec un minimum d’implication, il sera possible de s’immerger dans celle-ci.

Le lecteur a donc, lui aussi, une part de responsabilité lorsqu’il lit une histoire.

 

L’Otaku Poitevin

Concours Sama Awards

2 réflexions au sujet de « Onirisme, quand tu nous fais rêver. »

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