Gekiga Fanatics [critique]

Nom d’origine : Gekiga Bakatachicouverture gekiga fanatics lezard noir

Auteur : Matsumoto Masahiko

Cible éditoriale : seinen

Genres : Tranche de vie/social/historique

Année de parution : Jp 1979 Fr 2013

Éditeur : Le Lézard Noir

Nombre de tome : 1

 

Sur l’auteur :

Tatsumi-Yoshihiro-Saito-Takao-e-Matsumoto-Masahiko gekiga fanatics

L’auteur est à droite

Matsumoto Masahiko est un auteur japonais né en 1934 et décédé en 2005. Il commença à dessiner des mangas très jeune. Il se lança sur le dur marché du manga à peine adulte. Très prolifique, comme beaucoup d’auteur pendant les années 50/60 son œuvre est méconnue en France, seul la fille du bureau de tabac et Gekiga Fanatics sont édités chez nous. Il est l’un des cofondateurs du mouvement Gekiga qui révolutionna le manga au Japon vers la fin des années 50. Ce style plus rude que les mangas classiques se veut être le reflet d’une société sombre et pleine de tensions internes.




L’histoire :

gekiga fanatics lezard noir

le coté plus sombre est visible

Elle nous renvoie quelques dizaines d’années plus tôt vers 1955/1956, nous sommes dans le Japon d’après guerre dans la région d’Osaka. La vie n’y est pas évidente et nos trois héros font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir. Leur point commun c’est le manga. Ils veulent vivre de leur passion en étant mangaka, mais le marché de l’époque est complexe et il est très difficile de percer et d’en vivre correctement. Tezuka est déjà connu et reconnu comme étant le dieu du manga et nos jeunes héros aimeraient amorcer une carrière digne du maître. Nous suivrons dans Gekiga Fanatics le parcours de trois mangaka, Matsumoto Masahiko (l’auteur), Yoshihiro Tatsumi (récemment décédé) et Saito Takao (auteur de Golgo 13 entre autre). Ces trois jeunes vont être à l’initiative d’un mouvement nouveau pour le manga, le gekiga. Ce genre est un manga clairement destiné aux adultes ; il aborde des thèmes souvent graves et dramatiques des tranches de vie, et se démarque des autres genres par le réalisme qui s’en dégage (manga news). A l’époque les mangas se devaient d’être humoristiques, même dans des sujets sérieux il devait y avoir une touche de comique. Nos trois jeunes auteurs travailleront d’arrache-pied pour leur gekiga fanatics lezard noirmaison d’édition hinomaru-bunko afin de faire émerger leur nouvelle manière de voir le manga. Ils publient donc un recueil d’histoires courtes de style policier. Cela ne se faisait pas à l’époque et le succès de leur recueil arriva à Osaka. Tous les éditeurs voudront surfer sur cette petite vague débutante et nos trois compères se verront être alpagués à droite à gauche. C’est le début d’un nouveau genre et les affaires éditoriales vont et viennent en même temps que les investissements. Des maisons d’édition coulent, d’autres se créent, c’est sur cette trame que se construit l’histoire du Gekiga et de nos trois auteurs.

 


Critique :

gekiga fanatics lezard noir

le kami shibai

Cette période est une plateforme tournante entre différentes époques, les mangas destinés à la vente sont distribués sur un marché parallèle, les mangas que font nos héros font partie du réseau de distribution destiné aux librairies de prêt. Elles étaient très fréquentes à l’époque. Toutefois, elles ont finies par disparaître avec le développement des magazines de publication/pré-publication comme on les connait de nos jours. Les kamishibai étaient encore présents et l’arrivée de la télévision les a enterrés définitivement. Dans ce cadre, qu’il est important de rappeler, les auteurs de manga avaient du mal à tirer leur épingle du jeu et étant payés à la page, c’est tout naturellement qu’ils essayaient d’être publiés le plus possible, les obligeant à être le plus productif possible. Ce contexte est très bien détaillé dans ce manga, où on en apprend beaucoup sur les tenants et les aboutissants du marché du manga à Osaka à l’époque. A Tokyo il y avait certainement quelques variations sur le marché mais on arrive à se faire une idée de ce qu’il se passait à la capitale. On voit aussi l’envie des différents mangaka d’aller à Tokyo qui semblait être l’Eldorado du manga. Avec la nouveauté et la création d’un genre nouveau en toile de fond, cette œuvre nous fait passer d’agréables moments « slice of life » avec des caractères différents et un Takao Saito bien drôle malgré lui. Certaines situations sont comiques à souhait, on arrive bien à se représenter quelques scènes comme si on y était. Le dessin est old school, gekiga fanatics lezard noir on peut faire un rapprochement au style de Tezuka qui est l’ambassadeur de ce style rétro. Quelques personnages se ressemblant beaucoup, c’est possible de s’arrêter sur une case afin de réfléchir à qui nous avons affaire. Sinon cela reste très compréhensible dans l’ensemble. Le scénario nous plonge dans un micmac entre les mangaka et les maisons d’édition, un coup ils travaillent là, un coup là-bas. ils reviennent ici pour repartir de là. C’est assez compliqué à suivre mais j’y ai fait un petit rapprochement au cinéma muet de Chaplin qui aime bien jouer avec des situations les rendant comiques.

Pour conclure, ce style qu’est le Gekiga est bien défini et on voit bien quels ont été les éléments permettant de mettre en place un nouveau genre qui révolutionna le manga au même titre que la science-fiction l’a fait dans une autre période. Un bel ouvrage du Lézard noir soucieux de rendre visible les précurseurs comme il aime le faire. Sans ces messieurs nous ne connaîtrions pas autant de genres de manga différents et ce serait certainement plus plat et moins savoureux à lire.

L’otaku poitevin

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