Furari [critique]

furari1Titre : Furari

Auteur : Jiro Taniguchi

Année de parution : jp 2010, fr2012

Éditeur : collection écriture de casterman

Cible éditoriale : seinen, josei

Genres : tranche de vie, historique



Sur l’auteur  : 

furari jiro

Jiro Taniguchi, l’auteur

Né en 1947 au Japon, ce mangaka talentueux a réalisé plusieurs dizaines de mangas qui ont eu beaucoup de succès. Depuis son premier manga publié en 1970, il se laissa influencer par la BD occidentale et gagna en 1998  le prix culturel Osamu Tezuka avec le manga Au temps de Botchan. Il est considéré en France comme un grand nom du manga mais reste malgré tout méconnu du grand public. Plusieurs de ses oeuvres ont été adaptées soit au cinéma (pour Quartier Lointain), soit au théâtre ou même en drama. Il sera à l’honneur au prochain salon de la BD d’Angoulême du 29 janvier au 1er février 2015.

L’histoire :

furari2Furari raconte au travers de petites séquences les balades d’un homme dans le vieux Tokyo. On ne connait pas le nom de cet homme mais il paraîtrait que Jiro Taniguchi se soit fortement inspiré de Tadataka Ino, un célèbre cartographe et géomètre du début du XIX ème siècle. Cet homme retiré des affaires est venu dans Tokyo afin d’y vivre tranquillement sa retraite avec sa femme. Au fil de ses pérégrinations on apprend qu’il aime les choses simples et les petits plaisirs et notamment contempler des petites scènes de la  vie. Il est donc naturel de le voir à plat ventre devant son chat à s’imaginer être à sa place grimpant sur les toits et s’extasiant de son agilité. Furari pourrait se traduire par « au gré du vent », il se  retrouve donc dans des qufurari6artiers de Tokyo sans qu’il ne s’en aperçoive et profite de chaque instant, chaque paysage pour s’émerveiller d’un rien. Vous l’aurez compris ce personnage singulier est fort sympathique. Il ne peut s’empêcher de compter le nombre de pas qu’il fait lorsqu’il va d’un point à un autre afin de prendre des notes, il cartographie ainsi son quartier et les alentours. Sa femme le soutien dans ses projets malgré le fait qu’il parte de longues heures sans prévenir et lui témoigne ainsi son amour en le laissant aller au gré du vent.

Critique :

furari imageTaniguchi sensei maîtrise son trait et les dessins ne sont pas brouillons, il y a une limpidité dans les points de vue. Le protagoniste se projetant à plusieurs reprises dans la peau d’une tortue, d’un faucon ou encore d’un chat, on est vite transporté par les pensées de cet homme. L’image créée par le maître représente vraiment cette subjectivité. Cette imagination de la part de cet homme est extraordinaire, dès qu’il voit un animal il se met dans sa peau ! Les moments pendant lesquels le protagoniste observe soit des paysages ou soit une scène sont dessinés tel des cartes postales. En effet il a voulu rendre ces instants comme figés dans le temps et une sorte de calme, presque de plénitude s’en dégage à certains moments.

furari5Cet homme qui s’émerveille tout le temps, s’en est presque déroutant. De le voir avec cette tortue en train de l’encourager est presque risible, mais une telle action colle tellement avec sa personnalité que cela devient normal. A la retraite depuis plusieurs mois il ne peut pas s’empêcher de compter ses pas, de répertorier ses données, de s’entraîner à avoir une foulée régulière, de récupérer de nouveaux appareils. Tellement pris par sa passion, il ne s’aperçoit pas qu’il agit encore comme si il travaillait. Sa femme le lui dit s’en lui faire de reproche, elle est consciente qu’il le fait de manière instinctive. Elle accepte même le choix de son mari lorsque celui ci se voit accrédité par le shogunat de cartographier un trajet. Un tel soutien de la part de sa femme ne peut que le conforter dans ses choix et le fait se sentir en sécurité, c’est toujours bon d’être soutenu par les gens qu’on aime. Amateur de poésie, il est aux anges lorsqu’il rencontre un « apprenti poète » en pèlerinage,  encore une agréable surprise du destin, une rencontre, un moment convivial et un souvenir. Se sont toutes ces petites choses qui font la magie de ce manga.

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Pour finir, je dirai simplement qu’il ne s’agit pas ici de la meilleure œuvre de Jiro Taniguchi que j’ai eu à lire, mais la singularité de ce manga nous oblige à prendre le temps de le lire paisiblement au même rythme que cet homme aime vivre. Je pense qu’il y a une sorte de morale dans ce titre, ce n’est que mon interprétation et je la formulerai comme ça : « laisser le temps au temps » ou encore  » « apprécier ce qui nous entoure ».

L’otaku poitevin

 

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