Conférence Japaniort #2, le manga français avec un grand « M »

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin

Pour cet article je vais vous retranscrire la conférence que j’ai pu animer pendant le festival Japaniort en Juillet 2016. Pour cette deuxième prise de parole j’étais seul face à la foule en délire. C’est pour dire que ma prestation s’est retrouvée entachée d’imprécisions et de stress. Malgré cela j’ai trouvé l’expérience intéressante et suis prêt à la réitérer.

Bonjour ! Je vais vous parler lors de cette conférence, de mangas, plus précisément de mangas écrits par des auteurs français. J’aborderai avec vous plusieurs points sur ce sujet qui nous donne à parler en ce moment avec de plus en plus de sorties. J’évoquerai donc un peu son introduction dans le marché français, les points positifs, les points de vues des maisons d’éditions ou de quelques auteurs qui ont eu la gentillesse de me répondre. Bref on va essayer de s’occuper quelques minutes ensembles avec les mangas français. Déjà comment vous les appelez-vous les mangas écrits par des auteurs français (question au public, s’il y en a) ? Franga ? Manfra ? Global manga ? Manga News définie ça comme cela : « Séries souvent réalisées par auteurs occidentaux (Europe ou Etats-Unis), qui empruntent un ou plusieurs codes du mangas (narratifs et/ou visuels). »

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Le crie qui tue A savoir que le manga est introduit en France depuis le début des années 90, quelques magazines ont essayé d’en publier avant, notamment le magazine « le cri qui tue » qui dès 1978 publia des auteurs comme Tatsumi ou Tezuka, c’est-à-dire pour un public large,  jeune ou plus vieux. Après le choc AKIRA, il aura fallu entre dix et quinze ans pour voir émerger les premiers auteurs français de manga. C’est aussi le temps qu’il aura fallu pour que les mangas rentrent dans la culture populaire, en grande partie grâce aux dessins animés diffusés à la télévision avec comme précurseurs Albator, Capitaine Flam ou encore Goldorak et Olive et Tom, n’oublions pas Dragon Ball z et Les Chevaliers du Zodiaque. Et puis Sailor Moon et Pokemon, je m’égare pardon.

 

 I/ Le marché français trop frileux pour se lancer ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin

A cette question je resterai assez évasif car je n’ai pas vraiment de solution, je peux juste apporter mon point de vue. A part Dreamland qui a débuté en 2006, les tentatives d’éditions étaient vraiment exceptionnelles et rien de vraiment marquant ne m’a attiré l’œil. On peut quand même évoquer Sentaï School qui dès 2002 est pré publié dans le Coyote Mag. La série se verra être interrompue mais depuis cette année Olydri Editions relance la publication et remet cette série sur le devant de la scène. Raf en 2008 avec Debaser, Vald avec Catacombes en 2009 et quelques autres encore commenceront eux aussi leur manga avec différents éditeurs.

Pourquoi les éditeurs français ne se lançaient-ils pas beaucoup dans l’aventure de la conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin magazine Shonen pikacréation manga avec des auteurs français ? Je dirai que la création a un certain coût, le forfait pour les auteurs est supérieur à l’achat d’une licence. Même si c’était le même prix que les licences japonaises, les maisons d’étions n’étaient pas sûres de rentrer dans leurs frais. Elles n’avaient aucunes certitudes sur les ventes du manga, alors qu’avec une licence nippone, les éditeurs peuvent se fier aux retours commerciaux japonais. Si une série a eu du succès, il y a plus de chance que cela marche aussi en France. Avec ces incertitudes il était donc difficile pour eux de se lancer sur des créations.

Et Dreamland alors ? Me direz-vous. Dreamland a profité du magazine de prépublication Shonen que Pika éditait, il y avait donc eu quelques retours sur ce manga.

fullmetal alchemist hiromu arakawa kurokawaJ’ai questionné quelques éditeurs sur ce sujet, pour certains c’est simple ils ne veulent pas éditer de manga français, ils se concentrent juste sur la publication d’œuvres japonaise, Kaze est de ceux-là, c’est un parti pris par la maison d’édition. Avec une politique éditoriale de la sorte c’est claire, simple, concis. C’est aussi le cas de Kurokawa qui a édité en France des hits comme Fullmetal Alchemist, Hajime no Ippo, Pokemon ou plus récemment One Punch Man, à cette question ils répondent simplement : « Kurokawa ne publie que des licences japonaises, qui supposent que nous ne suivons pas le travail rédactionnel de l’auteur puisque nous les achetons en cours ou terminées. C’est ainsi depuis les débuts de notre maison. Je ne sais pas pourquoi ce choix a été fait initialement. Je suppose que c’est parce qu’Univers Poche (groupe auquel appartient Kurokawa) n’étant pas un acteur sur le manga il y a 10 ans, il était plus sûr de publier des licences qui avaient déjà fait leurs preuves par ailleurs et qui pouvaient plaire au lectorat français. La personne qui m’a répondue est la community manager, elle ne connait pas les antécédents au niveau de la ligne éditoriale sur ce sujet et c’est donc son point de vue qu’elle m’a exposé.

Glénat manga (One piece, les Gouttes de dieu, Berserk), eux, conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin logo glénat mangaévoquent une évolution du marché, des acteurs et des attentes du public français. Pour eux, il n’y avait pas assez de personnes intéressées pour lire des mangas français, les auteurs n’étaient pas très nombreux et les lecteurs non plus. Il est vrai qu’au commencement de Dreamland par exemple, j’ai souvent entendu des lecteurs de mangas dire que les mangas français étaient nazes, sans véritablement avoir d’arguments à avancer. Le simple fait de ne pas être japonais suffisait pour que les critiques négatives tombent. Ce qui m’amène directement à  ma deuxième partie,

 

II/ Les pionniers réussissent et l’évolution des pensées commence.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Reno Lemaire Dreamland PikaEn voyant les pionniers rester sur les étals de nos chères librairies, les lecteurs se sont plus penchés sur des œuvres comme Dreamland qui malgré son succès relatif a été sacrément critiqué de manière négative. Malgré tout, la réussite est là pour Reno Lemaire et il sait mieux que quiconque que le public est versatile. Tout ça le pousse à plus se donner à chaque titre. Le 15 ème tome sort juste et le temps d’attente pour celui-ci a été très long, en effet il a mis 2 ans pour le faire pour notre plus grand plaisir. Le niveau de cet auteur a vraiment évolué de manière positive quand on voit ses dessins de 2006 et ceux de 2016 on ne peut pas nier son talent. Le talent et le niveau des auteurs de mangas en France a évolué lui aussi au sens large, Glénat me précisait en évoquant la question de l’évolution de leur politique quant à l’édition d’auteurs français que les auteurs ont eu besoin d’un certain temps pour arriver à une maturité suffisante (artistiquement parlant). Les auteurs, comme les lecteurs ont eu besoin de ce temps entre 15 et 25 ans pourconférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Burning tatoo Emmanuel Nhieu Ankama s’imprégner de ce média qu’est le manga. Selon eux, les lecteurs, sont maintenant avides de découvrir ces nouvelles œuvres que les auteurs maîtrisent aujourd’hui. C’est pour cela que le géant de l’édition du manga commence à ajouter des noms français à son catalogue. On reviendra rapidement dessus après. On sait aussi que le milieu de la bande dessinée au sens large est difficile, difficile pour se faire éditer. et difficile pour en vivre correctement. Alors les auteurs qui choisissent de faire du manga ont leurs propres raisons. Emmanuel Nhieu l’auteur du jeune manga Burning Tatoo a choisi le manga car son histoire avait besoin d’un grand nombre de pages pour le développement. Le peu de titres lancés sur le marché par les éditeurs ajoute effectivement une difficulté pour se faire éditer. Il s’est donc naturellement tourné vers ce type de BD qu’il affectionne autant que le comics ou que la BD franco belge mais uniquement pour sa forme narrative. Il me disait aussi que quand il a commencé à faire de la BD il y a 15 ans, les lectorats étaient fermés dans leur style et son dessin était perçu comme trop « manga » par les lecteurs de Franco-Belge et que les lecteurs de manga trouvaient son dessin trop BD. Il pense qu’il y a une ouverture d’esprit de ce côté.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin logo kanaPour ce qui est de Kana, le géant de l’édition de manga m’a précisé que la création est quelque chose auquel ils sont attachés depuis longtemps. Ce n’a pas toujours été dans le format « manga » mais déjà la question a déjà été soulevée il y a plusieurs années chez eux. Aujourd’hui de plus en plus d’auteurs francophones choisissent ce format et pour euxconférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Li Tchi Tak Jean Dufaux il est normal de répondre de plus en plus favorablement en éditant de plus en plus de manga francophones, Save Me Pythie par Elsa Brants et en Septembre prochain Booksterz par  Remi Guérin, Guillaume Lapeyre et Sylvain Dos Santos. Ils m’ont également dis qu’ils avaient comme idées de développer le côté international et le mélange des nationalités au niveau de la création en éditant des œuvres comme The Beast avec comme auteurs, Li Chi Tak et Jean Dufaux et créer ainsi une ouverture plus large sur la BD asiatique.

III/ Chaque éditeur veut son manga français ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin AnkamaL’ouverture d’esprit que j’évoquais juste avant se ressent aussi par les titres qui sont annoncés ou qui paraissent en ce moment. De plus en plus d’éditeurs se lance dans le manga « touche française », je ne vais pas dire french touch quand même. Hormis Pika qui a déjà édité quelques auteurs, les grands noms du marché du manga en France étaient timides sur ce sujet, seules quelques maisons d’édition indépendantes comme Les Humanoïdes associés par exemple en éditaient de temps en temps. On peut remarquer que Ankama, célèbre pour Dofus, n’hésitais pas aussi à sortir de l’ombre les talents français. Raf avec Debaser, City Hall de Guillaume Lapeyre et Remi Guérin.

Depuis un an environ on peut observer une accélération dans les projets français. Ankama encore avec Shochu on the rocks de Saïd Sassine et Carole Bartier presque dans la foulée Alan Heller et son Lost Sahara, récemment ils ont aussi édité Emmanuel Nhieu et son titre Burning Tatoo. On voit que la création d’œuvre fait partie intégrante de leur politique éditoriale. Certaines maisons comme Glénat qui prétextait l’attente de la maturité des auteurs surfe sur cette vague avec VanRha qui en l’espace d’un an aura sorti deux tomes de Stray dog et un premier tome d’une oeuvre originale, Ayakashi. Très productive, elle a repris une oeuvre du temps où elle était en « auto-édition » lui permettant d’avoir un univers bien développé et d’éventuelles idées pour ses projets avec les maisons d’édition.  Il ne faut pas oublier l’excellent Le voleur d’estampes chez Glénat aussi par Camille Moulin Dupré.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin tremplin manga Ki-oonKi-oon, est une maison d’édition qui grandit beaucoup, l’année dernière Ki-oon a lancé un trempin pour les auteurs francophones. La finale nous a dévoilé plein de talents qui finiront tôt ou tard par sortir quelque chose de manière pro. Avec cet événement, on a eu une vague de nouveaux fans pour les œuvres francophones. L’événement a su créer un intérêt pour un public de plus en plus curieux. Est-ce le point de départ d’une nouvelle ère ? Je ne pense pas non, mais ce qui est évident c’est que le lectorat s’intéresse maintenant à ces auteurs.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Peut-on parler de course au manga français ? Peut-être, car beaucoup de maisons veulent se placer sur le marché. Kana a déjà un titre en cours, Save me Pythie par Elsa Brants comme dit juste avant. Son mangaka de mari Guillaume Lapeyre va aussi sortir quelque chose chez Kana. On se retrouve donc en quelques années avec un éventail d’œuvres assez intéressant de par la diversité des sujets et thématiques choisis par les auteurs. A cette même question Reno Lemaire le big boss du manga français était plus nuancé, selon lui les autres maisons savent très bien que Pika a été le premier sur ce créneau mais ce n’est pas par jalousie ou par envie de rattraper le retard qu’ils se lancent maintenant dans ce type d’œuvres. Ils le font, toujours selon lui parce que l’offre des auteurs est aujourd’hui plus abouti et plus nombreuse que par le passé. conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Là-dessus il rejoint Glénat qui pense la même chose au niveau de la maturité des projets envoyés aux maisons d’éditions par les auteurs. Il pense aussi que les éditeurs veulent faire des tests en créant leurs propres licences, peut-être pour les exporter aussi. Il fait le constat que les japonais ont du mal à retrouver des nouveaux blockbusters comme Naruto a pu l’être ou Bleach, du coup ils vendent leurs licences très chers, le coût d’une licence était un avantage par rapport à la création auparavant, si cela devient une contrainte pourquoi n’essaieraient ils pas de faire leur propre licence après tout ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin ululeSi les heureux élus pour l’édition d’une œuvre sont de plus en plus nombreux, les prétendants le sont encore plus et beaucoup reste sur le carreau. Pour espérer voir un jour leur manga dans les mains de lecteurs, certains auteurs tentent par leurs propres moyens de sortir leur manga. En créant des campagnes de crowfunding certains commencent à tenter l’aventure par ce moyen alternatif. Le recul nécessaire pour voir si ce moyen fonctionne bien n’étant pas encore conséquent, on ne peut pas dire si les efforts de l’auteur sur le plan de la démarche de production et d’édition sont satisfaisants pour les lecteurs et les auteurs. Reno Lemaire, toujours lui est plus tranchant dans son avis. Il pense que les auteurs qui passe par ce biais sont certainement des auteurs qui ont essuyé des refus de la part des maisons d’éditions. Ils pensent qu’il peut y avoir une sorte de jeu d’égo dans cette démarche et que retravailler un projet peut être une autre solution. Après tout s’il a été refusé c’est qu’il y a une raison. Je tiens à préciser qu’il dit que c’est l’avis d’un mec qui n’a pas galéré pour sortir son manga et que de son point de vue c’est surement un peu faussé. Le passage par un éditeur qui a son réseau de production, son réseau de distribution favorise largement au fait qu’un titre puisse être lu par un maximum de lecteurs, et le but d’un auteur c’est d’être lu par un maximum de lecteurs donc la maison d’édition est plus propice à cela. Mais comme il dit les démarches sont propres à chaque auteur et son avis est celui d’un mec qui n’a pas eu de refus de la part des maisons d’édition.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin E D Kyat HeadtrickL’auto production est un moyen qu’ont utilisé E, D et Kyatz pour faire le manga Head trick. D’abord publié sur internet, les auteurs ont pu évaluer le potentiel commercial de leur œuvre et ainsi ils ont pu prendre la décision de sortir une version papier. Aujourd’hui il y a neuf tomes sortis. Les auteurs de l’Equipe Z on fait quelque chose qui peut s’apparenter à ça également. En collaboration avec Kotoji qui est une petite structure éditoriale, ils ont lancé une campagne de crowfunding pour récupérer une petite partie des fonds nécessaires à la création du premier volume. Le réel but me disait Edmond Tourniol c’était de faire parler du projet de créer un petit buzz. Faisant ainsi, ils étaient sûr que leur manga serait suivi par des lecteurs.

 

IV/Quelques mangas pour le fun…

Je vous ai évoqué pas mal d’œuvres et d’auteurs depuis le début. Je vais maintenant vous parler un peu plus précisément de certaines œuvres.

Le voleur d’estampes de Camille Moulin Dupré 

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Le voleur d'estampes Camille Moulin Dupré Glénat mangaL’histoire se déroule dans un Japon  du XIX siècle, le pays est en crise, le peuple a du mal à subvenir à ses besoins et les tensions entre les riches et les pauvres sont palpables. Dans ce climat peu chaleureux pour le peuple, un voleur se distingue en dérobant des objets à des notables. Il opère la nuit et ses méfaits sont contés chaque matin. Le bouche à oreille aidant, il se fait une réputation de bienfaiteur, plus que ça, de vengeur. En parallèle un seigneur local revient après une campagne désastreuse à la capitale. Il est aigri et ne supporte pas qu’un vaurien puisse se moquer de l’autorité. Il confit donc la responsabilité de la capture du voleur à un jeune loup aux dents longues, en y ajoutant comme récompense la main de sa fille. La jeune femme, n’est pas satisfaite de son retour en province et aime se réfugier dans l’illusion que lui procure l’opium. Une rencontre fugace se fera un soir entre le voleur et la jeune femme, étant embrumée au moment des faits, elle aura l’impression d’avoir rêvé. Elle cherchera à retrouver ce voleur qu’elle fantasme, le voleur essaiera d’une part de l’éviter puis d’une autre part de la revoir. Deux destinées que tout oppose, se reverront-ils ? Le voleur se fera-t-il arrêter ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Le voleur d'estampes Camille Moulin Dupré Glénat manga

City Hall

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin City hall Reny Guérin Guillaume LapeyreL’histoire de City Hall se déroule en Angleterre en 1902, mais l’époque est clairement non définie, il s’agit d’une uchronie. Les technologies numériques côtoyant les rouages et machines industrielles, le côté steampunk nous saute aux yeux très rapidement. Dans ce monde imaginé par les auteurs, l’écriture manuscrite est prohibée, plus que ça, elle a été effacée de l’histoire depuis deux cent ans. Les raisons officielles évoquent un souci écologique de l’ensemble du monde, mais les vrais raisons sont tenues secrètes et seule une poignée de personnes est au courant. L’écriture sur du papier révélerait un étrange pouvoir, celui de créer et on apercevra dans les rues de City Hall une gigantesque créature de dix mètres de haut commettre un crime. Partie aussi vite que sa venue cette créature sera mise sur le compte d’une explosion ce qui est peu crédible. Le maire, Malcolm Little, convoquera le chef de la police Mr Lester car les indices trouvés sur place laissent croire que le papier est revenu et qu’un individu s’en sert pour commettre des crimes. Le papier était utilisé autrefois pour créer toutes sortes de choses, en particulier les papercuts . Ces papercuts sont des automates plus ou moins doués de consciences et de facultés selon le talent de l’auteur qui les décrit sur le papier. Il suffisait d’écrire pour que ses choses deviennent réalité, connaissant la nature humaine on imagine rapidement la suite, les hommes ont commencé à se faire la guerre avec les papercuts et il a été décidé de l’interdire. Avec leur retour tonitruant à City Hall, le maire décide de convoquer pour l’enquête deux jeunes auteurs plein d’avenir et bourrés de talent, Jules Verne et Arthur Conan Doyle, épaulé par Mlle Earhart qui est un agent spécial américain, ce trio va chercher à savoir qui est derrière les papercuts.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin City hall Reny Guérin Guillaume Lapeyre Ankama

 

Dreamland

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Terrence dreamland reno lemaire pikaDreamland raconte les aventures de Terrence, jeune lycéen en terminale dans le lycée Mas de Tess à Montpellier. C’est un élève banal qui mène une vie banale jusqu’à ce qu’il découvre Dreamland. Il s’agit d’un univers fantastique qui prend vie quand les gens s’endorment. Dans cet endroit, les personnes qui évoluent librement et vivent tranquillement leurs rêves sont appelées les « rêveurs ». Les « voyageurs » quant à eux ont conscience de cet univers et vivent les aventures qu’ils souhaitent (enfin presque). Pour passer de simple rêveur à voyageur il y a une condition sine qua non, il faut vaincre sa phobie lors d’un cauchemar. C’est là que Terrence, qui a perdu sa mère lors d’un incendie  fait cauchemars sur cauchemars. Ce rêve impliquant le décès de sa mère sera le déclencheur pour surmonter sa terreur du feu. Il deviendra par la suite un voyageur « contrôleur du feu » car lorsqu’on arrive à vaincre sa phobie, on s’approprie le pouvoir de celle-ci. A partir de là Terrence fait la connaissance de Savane, Sabbah et Eve, à eux quatre ils forment le groupe des lucky stars. Ils se baladent dans Dreamland d’aventures en aventures, de bastons en bastons et ils voyagent dans beaucoup d’endroits tous aussi bizarres qu’étranges.  Dès qu’ils mettent les pieds dans un endroit on peut être sûr qu’il va y avoir du grabuge ! Dans Dreamland on retrouve également nos compères dans la vraie vie (IRL) et ils sont tous les quatre de Montpellier ce qui rajoute quelques aventures dans leur vie. Le but ultime des lucky stars est de trouver Edenia, une sorte de pays légendaire, il existe un nombre très important de pays avec des thématiques représentant des rêves ou des cauchemars. On peut très bien se retrouver à Délirium city un soir de beuverie ou dans le royaume des chats ou encore un royaume contrôlé par un seigneur cauchemar.

 

Burning Tatoo

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Burning tatoo Emmanuel Nhieu AnkamaTatau n’est pas un garçon comme les autres : atteint de la maladie des os de verre, il rêve de liberté et surtout de découvrir ce qui se trouve au-delà de la barrière de corail qui entoure son village. Mais que peut-il espérer là où tant d’autres n’ont fait qu’échouer ? Pourtant, en apprenant l’existence d’une encre légendaire, Tatau va caresser l’espoir de devenir plus fort que la barrière de corail elle-même ! Il n’hésite alors pas une seconde et part en quête de l’encre éternelle. Dans un univers fouillé et vraiment plein de références, le tatouage devient un élément central de l’histoire.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Burning tatoo Emmanuel Nhieu Ankama

Pour ce qui est des points forts de ce manga, on peut dire que le dessin est vraiment beau. Une histoire un peu loufoque qui donne du charme à Burning tatoo. Les personnages sont bien travaillés et on atend la suite pour voire quelle tournure l’auteur va donner à son manga, on se retrouve donc avec une histoire de plus à suivre.

 

 

L’équipe Z 

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin L'équipe Z Tourriole Carreres Kotoji éditionsHugo, adolescent doué mais timide, fait la connaissance du flamboyant Majid, footballeur maudit. Bien que concurrents, ils apprendront à se serrer les coudes pour passer les épreuves imprévisibles et impitoyables de leur coach Adrien. Ils devront révolutionner leur manière de voir le football et montrer toutes leurs qualités humaines pour intégrer l’Equipe Z et, qui sait, réussir à porter le maillot du club de leurs rêves ? A mi-chemin entre Olive et Tom et Foot 2 rue, ce manga prône des valeurs saines de compétition et d’entraide.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Studio Makma Edmond Tourriole Javier Carreres l'Equipe Z Kotoji

Un message positif est délivré dans ce manga. Le dessin est propre avec une bonne réalisation. On est en présence d’un bon divertissement pour les plus jeunes. Pour les plus vieux il y a une touche de nostalgie avec des éléments rappelant Olive et Tom à la sauce Bordelaise.

V/ Qu’est ce qui plait aux lecteurs français dans ces mangas français ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin dédicace Elsa Brants Save me PythieCe qui est sûr c’est que chaque auteur a son style propre de dessin. Autant au Japon les traits sont lissés et le style en général peut être très proche, en France on a clairement des auteurs qui ont une identité au niveau du dessin qui leur est singulière ! Je pense que c’est une qualité indéniable de nos auteurs. Certains auront un coup de crayon plus simpliste comme Elsa Brants mais compenseront par autre chose.

Deuxième chose que les lecteurs apprécient, les références dans les univers créés. Les codes sont les mêmes que ceux que l’on connait ici. Même si on est très familier des mangas japonais et que l’on commence à appréhender la différence culturelle, le fait d’avoir des références conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Catacombes pika ValDfrançaise dans nos lectures est un plus. Les Catacombes parisiennes dans Catacombes, le lycée MAS de Tess dans Dreamland. Les japonais aussi font référence à des auteurs occidentaux comme cela est fait par Rémi Guérin dans City Hall. Et une chose qui fait vraiment la différence, c’est le fait que les auteurs français sont beaucoup plus accessibles que leurs homologues japonais. Les séances de dédicaces ne sont pas rares aux quatre coins de la France et la chance de pouvoir parler un peu avec un auteur qu’on apprécie n’est pas nul. De même avec les réseaux sociaux, ils répondent volontiers à nos questions quand on leur demande. Dans la limite du raisonnable, un bouclage de volume leur prend énormément de temps. Pour info, les auteurs en France n’ont quasiment pas d’assistants comme cela se fait au Japon. Un mangaka japonais travaille avec plusieurs assistant pour l’aider sur plusieurs points, les décors, le tramage, l’encrage etc, en France ils le font presque tous tout seul d’où la différence de productivité.

VI/ Le manga français vers l’exportation ?

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Radiant Tony ValenteIl faut savoir que les mangas français commence à s’exporter à l’étranger, Reno Lemaire a une version Allemande de Dreamland. A priori ce n’est pas un grand succès mais les titres sortent toujours. Certains ont eu le droit d’avoir une version japonaise de leur manga. Tony Valente, par exemple est diffusé au Japon depuis l’année dernière et les retours sont corrects. Save me pithy est aussi édité en japonais, mais en format numérique uniquement pour le moment. L’auteure était déjà ravie d’avoir cette sorte de reconnaissance même si ce n’était pas la finalité recherchée.

 

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin La république du catch Nicolas de Crécy CastermanLe désir des japonais conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin La république du catch Nicolas de Crécy Castermand’introduire des auteurs étrangers se fait ressentir ces derniers temps, en effet la Shueisha (rien que ça) (dbz, one piece etc) a demandé à un auteur de renom français de faire des chapitres pour un de ses magazines de prépublication. Il s’agit de Nicolas de Crécy, il a donc publié son manga La république du catch chapitre par chapitre comme un mangaka . Quel était le but de cette invitation ? Peut-être mettre en compétition les auteurs japonais avec des Gaijin pour leur montrer le niveau de ces étrangers qui ont un talent confirmé. Est-ce pour permettre une imprégnation de style différent pour les japonais qui ont tendance à s’inspirer les uns les autres et du coup les styles tournent un peu en rond ? Enfin ce qui est sûr c’est qu’il y a un léger attrait pour ces œuvres étrangères, il faut toutefois relativiser le marché japonais du manga sort des milliers de titres par an et ce n’est pas trois ou quatre mangas français qui vont bouleverser l’ordre établi et révolutionner le style japonais déjà si riche.

VII/ Conclusion

En définitive, on assiste en ce moment à l’émergence des auteurs français. Plus proches de leur public, plus disponibles aussi, ces auteurs nous permettent une identification plus intense lors des lectures, même si ce n’est pas une finalité en soi. Les styles proposés sont variés et les œuvres gagnent en maturité petit à petit, il sera intéressant de voir l’évolution de ces mangas un peu différents dans le future. Et pour finir on va faire un petit quizz (mettez vos réponses en commentaire ou en mp sur facebook). Je vous montre les personnages d’un manga et vous me dites duquel il est tiré.

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Golem Olydri édition Noob Tallone

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Mickael Almodovar Akata Les torches d'Arkylon

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Radiant Tony Valente ankama édition

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Lastman Balak Bastien Vives Sanlaville Casterman

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Stray dog VanRah glénat manga

conférence japaniort 2016 manga français otaku poitevin Lost sahara Alan Heller ankama éditions

Si vous voulez plus de détails sur les titres présentés, des critiques sont disponibles sur le site.

Une Mise à jour a été faite car des oublis ont été faits au niveau de l’historique des mangas français.

L’otaku Poitevin

 

4 réflexions au sujet de « Conférence Japaniort #2, le manga français avec un grand « M » »

  1. 1. Loa (Delcourt/Tonkam)
    2. ???
    3. Les Torches d’Arkylon (Delcourt/Tonkam)
    4. ???
    5. Radiant (Ankama)
    6. Last Man (Casterman)
    7. Lords of Chaos (Pika)
    8. Lost Sahara (Ankama)

    • Merci de t’être prêté au jeu 🙂
      1 : ok
      2 : X
      3 : ok sauf le nom de l’éditeur
      4 : X
      5 : ok
      6 : ok
      7 : X
      8 : ok
      Il reste plus qu’à mettre le nom des auteurs maintenant !

  2. 1: Loa
    2:Golem
    3:Torches D’arkalyon
    4:Lolita HR
    5:Radiant
    6:Lastman
    7:Ayakashi
    8:Lost Sahara

    Comme d’habitude (dans les articles sur le manga FR) je constate que Shonen (BB Projection, Omega Complex, Lord of Chaos et maintenant Outlaw Players) n’est pas cité malgré son parcours qui date de 2007…

    • Oui, effectivement, j’ai cité rapidement Les Humanos mais pas fait mention de son travail et Shonen n’avait pas encore sorti Outlaw Players.
      Si je devais ré écrire maintenant il serait cité 😉

Commenter, c'est partager