Chiisakobe [critique]

Nom d’origine : Chiisakobeeminetaro mochizuki chiisakobe le lézard noir

Auteur : Minetaro Mochizuki

Cible éditoriale : Seinen

Genres : Tranche de vie/drame

Nombres de tome : Jp 4 tomes terminé, Fr 1 tome

Année de parution : Jp 2012, Fr 2015

Editeur : Le lézard noir

 

L’auteur :

minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirMinetaro Mochizuki est un auteur japonais né en 1964. Il commence sa carrière en 1984 et se fait connaitre notamment pour ses manga Dragon Head (Pika), ou La Dame de la Chambre Close (Glénat). Considéré par ses aînés comme le plus doué de sa génération, notamment par Katsuhiro Otomo, il remporta le prix d’excellence du Japan Media Arts festival et plusieurs de ses œuvres ont été portées au cinéma.

L’histoire :

minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirShigeji Daitome se retrouve contraint de reprendre l’affaire familiale de construction, en effet un incendie vient de ravager les locaux de l’entreprise emportant avec lui les parents du jeune homme. Shigeji reçoit dès lors des propositions d’aides venant de ses voisins ou encore des anciens apprentis maintenant installés. Mais il refuse tout en bloc préférant repartir de zéro par la seule force de ses bras et des braves ouvriers de Daitome. Dans son malheur la résidence principale des Daitome est intacte et les apprentis et les ouvriers peuvent y trouver refuge, mais il leur faut une « maîtresse de maison » ! C’est là que Ritsu fait son apparition, Ritsu est une jeune fille issue du quartier, elle connait les Daitome depuis toujours et depuis le décès de sa mère elle se retrouve seule. Masaru, qui pourrait être catalogué comme le fidèle lieutenant de la famille s’est occupé des funérailles et des tracasseries administratives pour Shigeji qui finissait un chantier. Il y a un petit problème que Masaru a du mal à avouer au nouveau chef de famille, c’est que Ritsu a pris sous son aile cinq enfants orphelins et sans toit depuis l’incendie et les a minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noiremmenés avec elle demandant s’il était possible de les accueillir. Nous découvrirons la réaction de Shigeji face à ces enfants et découvriront le sort que la société leur réserve. Comment va se passer la cohabitation avec ces petits énergumènes ? Et comment Shigeji va redresser la situation financière de Daitome qui a un genou au sol ?

Critique :

minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirIl y a des manga qui marquent par leur simplicité et Chiisakobe en est un. Pas de fioriture scénaristique, pas de graphisme ultra fouillé quoique très soigné et très fin, mais on est en présence d’un titre très efficace. L’histoire nous captive dès les premières pages avec un personnage principal original et ambigu. Je m’explique, Shigeji est haut en couleur, un style atypique à la sauce hipster fan de fringues vintages avec les cheveux longs et une barbe qui ferait pâlir de jalousie les ZZ top eux même, il a un look qui tranche vraiment avec les standards du métier plutôt classique. Il parle simplement et semble être cohérent dans ses propos, néanmoins on pourrait avoir du mal à comprendre ses réactions d’oppositions permanentes. Il refuse l’aide de ses confrères, il refuse l’aide de ses voisins, il refuse le traditionnel autel pour les défunts, bref il s’oppose à tout. On peut se poser la question de la volonté de Shigeji de vouloir rompre avec les traditions. On sait que les jeunes générations sont en quête de scission avec ces traditions parfois si pesantes. Est-ce pour cette raison qu’il refuse tout ? Ou peut-être est-ce pour prouver à tout le monde qu’il est capable, lui l’intellectuel, de reprendre le flambeau et redresser l’héritage de ses parents ? En tout cas Shigejiminetaro mochizuki chiisakobe le lézard noir nous questionne beaucoup de par son comportement et en plus il n’est pas très loquace donc il ne s’exprime pas beaucoup et se justifie encore moins. Malgré tout on le sent plein de bonnes intentions et notamment on le sent prêt à relever ce défi qu’est la reconstruction de Daitome et de faire perdurer le nom et l’entreprise familiale. L’artisanat est un élément important au Japon et on le ressent clairement avec Chiisakobe. L’amour de l’enseigne et le dévouement des ouvriers en sont la preuve. Malgré son manque d’expérience sur le terrain, c’est en patron qu’il va tenter de reprendre le flambeau.

minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirParlons un peu des enfants que va finalement accueillir Shigeji, ce sont quant à eux de véritables petits monstres, maltraitant les animaux du quartier, insultants les voisins, on sent qu’ils ne sont pas très bien dans leur peau. Ils ont une sorte de rancœur envers la société adulte qui leur a fait tant de mal, certains d’entre eux ont un côté punk révolté très présent. Ils ne savent pas quel va être leurs sorts et le fait de rester ensemble doit les rassurer. Shigeji l’ours VS les enfants, je suis curieux de voir l’évolution de leur relation car au début il était fermement opposé à leurs venues mais en se ravisant il souhaitait peut être encore une fois s’opposer à quelque chose, ici les services sociaux. L’aide de Yuko, une amie d’enfance issue du même quartier, pèsera dans les négociations avec les services sociaux afin que les enfants puissent rester chez les Daitome. Elle a les diplômes nécessaires à leur garde contrairement à Ritsu qui n’a que le permis de conduire se retrouvant obligée de répondre « non » à toutes les questions qui lui étaient posées par l’administration sociale.

On sent Shigeji attentif aux émotions de Ritsu, il remarque régulièrement minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noir
des mimiques sur son visage et ne peut s’empêcher de faire le parallèle à leur enfance. Les sentiments de Shigeji ont du mal à sortir, il est assez renfermé dans ses expressions, Ritsu arrive un peu moins à masquer les siens. Ses mimiques et postures trahissent ses intentions et Shigeji s’en aperçoit.  Avec ce premier tome qui en comprendra quatre au total on a un début d’histoire très intéressant qui me rappelle Sunny de Tayou Matsumoto du fait des enfants dans la maison avec leurs personnalités débordantes d’énergie. L’aide qui est proposé par minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirbeaucoup de monde, que Shigeji refuse très souvent, est aussi pour moi typique du peuple japonais habitué à se relever et à se serrer les coudes lors des moments difficiles, en particulier lors des reconstructions (post tremblements de terre, catastrophes nucléaires, Fukushima…) c’est pour cela que l’entêtement de Shigeji nous questionne. Pour information, ce manga est tiré d’un livre de Shugoro Yamamoto écrit dans les années 50 ne l’ayant pas lu je n’en parlerai pas mais je sais qu’il évoque les difficultés à exprimer ses sentiments dans la période d’Edo, l’auteur a décidé de reprendre l’histoire et de la calquer à notre époque contemporaine.

Conclusion :

Je dirais que le tableau proposé par Minetaro Mochizuki avec ce premier minetaro mochizuki chiisakobe le lézard noirtome est plein de bonnes ondes. Je remarque vraiment l’importance des relations entre les différents protagonistes qui malgré les désaccords restent toujours respectueuses dans un Japon loin des stéréotypes connus. Les enfants ajoutent une touche pleine de vie et je pense que le deuxième tome va nous donner un petit complément afin que l’on puisse commencer à contempler pleinement cette œuvre qui est de qualité. De plus le côté « tranche de vie » amène une sorte de légèreté dans une situation qui pourrait être assez tragique, la mort des parents de Shigeji, la reconstruction laborieuse de l’entreprise, l’accueil de Ritsu et des orphelins. Beaucoup de mouvements en peu de temps qui semblerait vont animer la vie des protagonistes.

 

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L’otaku poitevin

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2 réflexions au sujet de « Chiisakobe [critique] »

  1. Un très grand manga. Un petit bijoux d’élégance grâce à un dessin épuré et un art du détail et du cadrage minutieux. Une superbe série à découvrir sans tarder. A noter que Mochizuki sera également présent en dédicace à la librairie Gibert Joseph de Poitiers le 1er Février à partir de 17h30 pour ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir venir à Angoulême.

    • Merci pour le commentaire. J’aurais du rajouter ces informations, merci de le rappeler. On s’y verra peut être. #L’otaku poitevin

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