Tremplin ki-oon – La Voie du Talion

la voie du talion image

Couverture du one shot

Titre : La Voie du Talion

Auteur : Fanélia
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Fait dans le cadre du « tremplin Ki-oon »

Rappel du templin Ki-oon :

Certains ont en peut-être entendu parler, Ki-oon Éditions ont lancé un grand concours destiné aux mangaka francophones appelé « le tremplin Ki-oon ». Dix one shot sur le thème de la vengeance ont été progressivement mis en ligne et les lecteurs avaient jusqu’au 14 décembre 2014 pour voter. Les cinq manga (Revenge Reborn, Psychomantium, Red, La Voie du Talion et Here) ayant remporté le plus de suffrages de la part des internautes seront finalement départagés par un trio d’auteur japonais : Kaoru Mori (Bride Stories), Etorouji Shiono (Übel Blatt) et Tetsuya Tsutsui (Prophecy). Le gagnant se fera offrir un contrat aux éditions Ki-oon et 5000€.
Nous saluons initiative, qui peut contribuer à l’essor du manga francophone (ou manfra) et nous feront des petites critiques sur les projets proposés (qui en jettent vraiment, faut absolument les lire).

Nos classements respectifs avec une critique globale du concours : ici

Présentation :

Comme son nom l’indique, ce one shot s’inspire d’un code de loi instaurée par Hammurabi, roi de Babylone. C’est l’un des plus anciens textes juridiques datés du XVIIIe siècle av. J.-C dont le principe de base est la loi du talion. Elle indique que la peine doit être proportionnelle à l’offense et aux dommages reçus. Elle  peut se résumer par cette adage populaire « œil pour œil, dent pour dent ». (1)

Critique :

la voie du talion imageUn roi sanguinaire est assassiné par son épouse afin de délivrer le peuple de son joug. Son  « esprit » est alors accueilli dans le palais de la Justice par une femme représentant la « pure » justice, celle de la loi du talion. Elle lui propose de réaliser une vengeance sur la personne de son choix, qui doit bien entendu être proportionnelle aux torts subis. C’est tout naturellement qu’il porte son verdict sur son épouse, responsable de sa mort. Son vœu sera exaucé et sa femme ne pourra s’empêcher d’aimer à la folie l’homme qu’elle a tué, la plongeant ainsi dans la plus grande des détresses tout au long de son règne.

 A la mort de celle-ci, elle est également réceptionnée dans le palais de la Justice où elle apprend la raison de sa souffrance et son droit de se venger d’une personne. Elle peut ainsi perpétuer la tradition. Toutefois, au lieu d’imiter son défunt mari et de se venger à son tour d’une personne lui ayant causé des préjudices dans le monde des vivants, elle décide de porter son verdict sur l’origine même de ses soucis  : la justice elle-même. Intéressant, non ? Alors que la justice est sensée régler les conflits, elle est ici présentée comme la coupable et se fait condamner à son  tour. On peut y voir comme une critique de la loi du Talion, encore d’actualité dans de nombreux pays à cause de la tradition et de la religion. Elle pose également un regard sur le rôle de la justice. En effet, la reine l’a assassiné pour sauver son peuple d’un tyran. Elle l’a réalisé pour le bien de la communauté au détriment de la vie du roi, bien être individuel. Doit-t-elle toutefois être jugée pour son crime ? Ensuite, le châtiment reçu par la reine a-t-il eu un quelconque effet positif ? Le roi n’est pas revenu à la vie après ce jugement. Était-ce vraiment nécessaire, n’y avait-il pas plus utile comme punition ?

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La reine, après son jugement

On peut également faire un rapprochement avec Death Note et Code Geass. En effet, il y a dans ces deux œuvres une condition, un contrat à remplir pour pouvoir obtenir le pouvoir. Toutefois, dans Death Note, plus que la loi du talion c’est avant tout la peine de mort qui est questionnée. On pourra regretter le manque d’explications concernant les modalités du contrat et le développement des personnages laissent à désirer. On ne connait même pas leurs noms. Toutefois, ce manque d’informations est inhérent à la structure d’un one shot, impossible de tout détailler en seulement vingt pages.

 Les dessins sont très bien réalisés. L’auteur a porté un soin tout particulier aux décors et aux vêtements. C’est un vrai régal pour les yeux. Cependant, les transitions entre les planches ne sont pas tout le temps très explicites. Par exemple, au tout début de l’histoire on ne comprend pas immédiatement qu’on est passé du monde des vivants, avec le roi dans le cercueil, au palais de la Justice. De même, l’agencement des cases n’est pas non-plus très claire. On louche parfois un peu et on se demande quelles cases on doit lire en premier. On peut sérieusement se demander si l’exigence de réaliser le manga de droite à gauche (sens de lecture japonais) pour contenter les lecteurs a pu perturbé le mangaka.

En conclusion, ce dixième one shot clôt merveilleusement bien ce tremplin ki-oon qui fut rempli de bonnes surprises du début jusqu’à la fin. La vengeance, thème de ce tremplin, y est très bien développée. En effet, il pose de nombreux questionnements sur le rôle de la justice et sur la Loi du talion. Le tout est agrémenté de dessins juste magnifiques.

Sources (1) :

SIMARC, Marc. LAVILLE, Christian. Histoire de la civilisation occidentale, Canada, Éditions du renouveau pédagogique, 2010, 3e éd, 20-21 pp.

WIKTIONARY, loi du talion, [en ligne], http://fr.wiktionary.org/wiki/loi_du_talion, page consultée le 22 novembre 2014.

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