Sans aller à l’école je suis devenu mangaka

Nom d’origine : GAKKOU E IKENAI BOKU TO 9NIN NO SENSEisans-ecole

Auteur : Syoichi Tanazono

Genres : Social, psychologique, autobiographie

Nombre de tome : 1 tome

Année de parution : Jp 2015, Fr 2016

Editeur : Akata éditions

 

L’histoire :

Nous suivons le quotidien d’un enfant, Masatomo Tsurumi est à prioriSans aller - 001-032-30 normal et ressemble en tout point à ses camarades de classe, excepté le fait qu’il n’arrive pas à aller à l’école. Cela a commencé le jour où il n’a pas compris un exercice en classe de CP, ce jour-là sa maîtresse l’a giflé de manière disproportionnée. Plus tard, ne comprenant pas un autre exercice, il préférera passer sous le silence son incompréhension. Mais de jours en jours et de difficultés en difficultés Masatomo continuait à aller à l’école avec la boule au ventre craignant, devoir dévoiler ses faiblesses devant tout le monde. Il s’isole lentement du reste de la classe et se voit même devenir le sujet de moquerie. La machine de la phobie scolaire est lancée et Masatomo commence dès le CP à rater les courts régulièrement. Restant chez lui, il dessine la plupart du temps, en bon fan de Dragon Ball il s’entraîne à reproduire ses héros préférés. Les années passent et Masatomo a eu des professeurs particuliers dont certains spécialisés dans la prise en charge des enfants déscolarisés. Le dessin étant son leitmotiv, il devient normal pour sa professeure de demander à Akira Toriyama himself de les recevoir. Nous verrons donc comment ce petit garçon angoissé et déscolarisé va évoluer pendant son enfance jusqu’à réaliser son rêve, devenir mangaka.

 

L’école, un enfer pour un enfant

Tout d’abord, ce manga est semi autobiographique et le vécu du jeune garçon est romancé par l’auteur mais les faits sont relatés sans tomber dans le sentimentalisme ni le pathétique, le ton utilisé est tout simplement juste.

Sans aller - 129-160-28 L’entrée à l’école de ce petit avait tout pour être une rentrée « normale » et le voir petit à petit se sentir mal en classe nous plonge dans une atmosphère particulière. Le malaise est palpable au fil des pages et on pourrait presque comprendre qu’il ne veuille pas sortir de son lit. Ici la thématique principale est la phobie scolaire même si la communication de la maison d’édition se base sur le cursus atypique du garçon pour devenir mangaka. Sur un plan clinique, les signes sont flagrants et sur presque l’intégralité de l’œuvre l’angoisse est omniprésente. Masa est malade, Sans aller - 033-064-18cette pathologie majorée par des moqueries en classe est à prendre en considération, dans le manga A Silent Voice c’est le côté harcèlement à l’école qui a été mis en avant mais cela aurait très bien pu tourner vers la phobie scolaire. Les deux étant intimement liés, les élèves les plus fragiles tomberont dans cette spirale. Avec cette peur si bien décrite dans le manga et cette récurrence d’émotion, le jeune Masatomo se demande souvent comment être « normal », dans une société où la normalité a tellement d’importance avoir une vision différente ou se sentir différent devient un enfer. On peut faire un rapprochement avec les hikikomoris qui restent enfermés dans leur chambre. C’est un phénomène de société que j’ai déjà évoqué dans un article (article sur la Folie). Le système scolaire étant très rude au Japon comme en Corée du Sud, beaucoup d’élèves perdent la face. Les mauvais résultats sont perçus comme un déshonneur et ils peuvent majorer ou être la cause de phobies scolaires.

Sans aller - 193-224-32La normalité, nous y revenons maintenant avec le cursus scolaire, où tout est déjà préétabli depuis des dizaines d’années. Les classes s’enchaînent, les étapes d’apprentissages aussi pour arriver jusqu’à un examen final qui vous dit si oui ou non vous êtes dans la moyenne. A partir de là vous pouvez essayer de faire ce que vous voulez dans une école spécialisée ou dans un travail. L’auteur, avec son récit, nous démontre que les voies toutes tracées ne sont pas les seuls chemins possibles et que ça n’a pas fait de lui quelqu’un de moins bon, de moins performant ! Il est utile de préciser que les chemins pour arriver à un objectif sont nombreux (Tous les chemins mènent à Rome). Il ne faut pas Sans aller - 193-224-11se voiler la face pour autant, ces chemins détournés ne sont pas plus faciles que les chemins « officiels » au contraire peut être, étant donné que tout a été fait pour suivre les rails déjà en place.

Pour finir, je dirai qu’Akata a encore touché un point sensible de la société avec ce manga atypique, il est dans la logique éditoriale de la maison d’édition Limousine qui se veut militante et alternative. Avec des thématiques sérieuses et très peu traitées dans le manga, « Sans aller à l’école je suis devenu mangaka » nous raconte une belle histoire pleine d’espoir malgré les difficultés du jeune homme. A lire si vous voulez rêver les pieds sur terre !

L’Otaku Poitevin

Commenter, c'est partager