Real [critique]

real kana takehiko inoue basketTitre : Real

Auteur : Takehiko Inoue

Cible éditoriale : seinen

Genres : Drame, sport, tranche de vie, psychologie

Année de parution : Japon 1999, France

Éditeur : kana

Nombre de tome : jp 14, fr 13 en cours

 

Sur l’auteur :

takehiko inoue photoTakehiko Inoue est un auteur Japonais né en 1967, passionné de basket depuis toujours puis de dessin, il devient l’assistant de Tsukasa Hojo (City Hunter, Cat’s Eyes…). Il gagne le prix Tezuka du jeune mangaka le plus prometteur. Créateur du célèbre manga slam dunk, il se permet le luxe de racheter les droits de la série animée. Après, il devient avant-gardiste avec la publication d’une œuvre sur internet, on est en 1997 avec Buzzer beater. Il créa par la suite Real, qu’il publie très lentement et Vagabond. Grand auteur reconnu ses œuvres sont attendues et appréciées de tous.

 

L’histoire :

real kana takehiko inoue basket Real raconte la vie de plusieurs personnes, on peut constater un point commun entre elles. C’est qu’à un moment de leur vie, tous ces gens se sont retrouvés au fond du gouffre. Certains sont des loosers depuis toujours, d’autres au sommet avant une chute qui n’en est que plus dure. Dans tous les cas qu’ils soient valides ou atteints de handicap, ils sont dans le même panier. On parle effectivement beaucoup de personnes handicapées dans ce manga. Le jeune lycéen habitué au bagarre Tomomi Nomiya se fait virer de son lycée et se retrouve à traîner sans objectif, un jour il attrape un accident avec une jeune fille juste rencontrée. Lui s’en tire pas trop mal mais elle finit en fauteuil roulant. Il culpabilise et connait échec sur échec. En passant devant un terrain de basket, il rencontre Kiyoharu Togawa en train de jouer. Là, sa passion de toujours resurgit et il commence à se réintéresser au basket et notamment au basket fauteuil dont il ne connait pas grand-chose, mais pour sûr ce jeune est fort et lui en a mis plein les yeux. Au fait, Togawa est en fauteuil roulant. En parallèle, le capitaine du club de basket du lycée dont vient Tomomi a un accident. Le vaniteux, sûr de lui beau gosse capitaine a qui tout souri se retrouve paralysé des membres inférieurs. L’histoire est centrée sur ces trois personnes et on vit avec eux les moments de joies ou d’extrêmes souffrances.

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Critique :

Étant basketteur, real kana takehiko inoue baskettravaillant dans le médico-social (handicap) et étant un fan de Inoue, je connais très bien le milieu et l’auteur. L’approche de Takehiko Inoue sur le handicap est vraiment exceptionnelle (déjà un superlatif), on ne voit pas beaucoup de manga traitant du handicap physique, tout au plus quelqu’un de malvoyant mais très rarement des personnes amputées ou malades. C’est déjà un défi qu’il a su relever, intéresser le lectorat avec des protagonistes infirmes. Au-delà de ça, il y a un côté informatif, on en apprend beaucoup sur ce que peut être la vie de quelqu’un en fauteuil, un peu d’empathie ne fait pas de mal. Malgré ce sujet très sérieux, ce manga est aussi drôle, des petites pointes d’humour sont placées par-ci par-là, même un peu d’humour noir sur le handicap.

takehiko inoue kana realIl y a quelque chose de très bien retranscrit dans real, c’est la détresse des gens. Tomomi pour qui rien ne va, se questionne sans cesse sur son devenir. Il se demande pourquoi tout ce qu’il entreprend finit toujours par tomber à l’eau. Il voit les gens avancer et lui qui fait du sur place. Kiyoharu a lui aussi été brisé après l’annonce de sa maladie et de son amputation. Quand à Takahashi le talentueux, la descente aux enfers fut d’une rudesse indéfinissable. Nos héros ont aussi un autre point commun, c’est la pratique d’un sport. L’athlétisme et le basket qu’il faisait avant leur accident de la vie. Il y a pour le coup, une dualité marquante entre ces deux pratiques sportives. Le sport collectif et le sport individuel. Les approches sont différentes et voir Kyoharu habitué à se battre pour sa victoire personnelle et qui se retrouve dans une équipe, c’est à dire travailler ensemble vers un objectif commun, est très intéressant. Voir les tensions de chacun vis à vis du jeu personnel de certains, savoir se recentrer sur sa pratique, ouvrir les yeux et être capable de faire confiance aux autres, tous ces points sont montrés du doigt par l’auteur.

Takehiko Inoue, avec son trait réaliste, nous transmet vraiment la détresse psychologique et physique des personnages. C’est poignant sans tomber dans le pathos, le coté authentique est présent, on a l’impression d’avoir un témoignage, les choses sont dites sans passer par quatre chemins, la simplicité des émotions est maître mot dans cette oeuvre.

Avec tous ces bas il faut nécessairement quelques hauts, et là, il y a un schéma choisi par l’auteur. Il revient à plusieurs reprises pour les protagonistes et même pour les personnages secondaires. C’est le déclic. Tous ont un déclic à un moment donné et cela leur donne une nouvelle motivation avec un espoir nouveau. Si les grandes détresses sont retranscrites de manière exceptionnelle, les nouveaux élans le sont tout autant, les personnages étant attachants, c’est tout naturellement qu’on apprécie les voir sourire à nouveau.

La rééducation après un accident est aussi évoquée. On assiste aux séances de gym de certains personnages, la difficulté des exercices les pousse jusque dans leurs derniers retranchements. Se réapproprier un corps meurtri qui ne semble plus être le sien doit être terrible, Takehiko Inoue attache beaucoup d’importance dans ces moments et les nombreux chapitres dont c’est le sujet sont poignants. Il s’agit tout simplement du deuil de son ancien corps, il doit être fait et chaque personne mettra le temps nécessaire pour le faire.

Et le basket dans tout ça ? Tomomi était un bon basketteur au lycée, le jeune Kiyoharu est lui aussi un basketteur. On a dans ce manga un apprentissage quasi complet de la pratique du handi-basket. L’auteur nous explique intelligemment le B A BA de ce sport. Le coté rude est montré avec des planches pleines de punch et de virilité ! Les handicapés ne sont pas tous des bisounours et ils le revendiquent. Ce sport est, dans ce cas, pris en exemple comme moyen de motivation real kana takehiko inoue basket pour les jeunes, en effet il y a d’autres activités mais le coté compétitif du basket est puissant. De plus dans un sport ou chacun essaie d’être le meilleur, les  coéquipiers ont un seul et même objectif. Une fois de plus on ressent l’amour de l’auteur pour ce sport. Avec un manga de Takehiko Inoue, je me dois de parler du dessin. Outre les émotions très bien retranscrites comme dit précédemment, les dessins pendant les matchs ou les entraînements sont merveilleux. Le maître est un véritable artiste, le dynamisme des actions, les effets de vitesse, même les efforts paraissent réels. C’est juste parfait !

Pour conclure, je ne ferai qu’encenser l’œuvre d’un maître qui a choisi de mettre en avant une minorité presque inexistante dans la Bande Dessinée. Le mieux dans tout ça, c’est la manière avec laquelle il l’a fait, du panache, de l’empathie et du basket. Le coté grave de ce sujet ne gâche en rien l’intérêt de ce manga, il est passionnant. Le rythme de parution étant très lent, cela laisse le temps à l’auteur de travailler avec justesse et de prendre du recul. C’est un must-see pour tout passionné de manga de sport.

real kana takehiko inoue basketL’otaku poitevin

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Cet article participe au sama awards 2015

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