La maison aux insectes [critique]

Nom d’origine : Mushitachi no iela maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noir

Auteur : Umezu Kazuo

Cible éditoriale : Seinen

Genre : Epouvante/Psychologique

Année de parution : Jp 1968, Fr 2015

Nombre de tome : 1 tome

Éditeur : Le lézard noir

 

Sur l’auteur :

la maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noir Umezu Kazuo est un auteur japonais né en 1936, il commença sa carrière avec des ouvrages destinés aux librairies de prêt (avant d’avoir les magasines de pré-publication comme aujourd’hui, la majorité des mangas était distribuée dans des librairies de prêts, elles ont disparu de nos jours). Spécialiste dans la comédie romantique avant de devenir le maître incontesté de l’horreur. Connu en France pour Baptism et l’Ecole Emportée, Le Lézard Noir prend à cœur de faire revivre ce mythe. Umezu tient au Japon une maison hantée et un film inspiré de sa vie est sorti récemment au Japon, Mother.

 

Critique :

Dans La Maison aux Insectes, nous avons droit à plusieurs histoires courtes, la maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noirsept pour être précis. Plus que des histoires, on va se retrouver avec une ambiance générale, le ton est donné d’entrée de jeu. Le spectre angoissant est présent dans tous les récits.  On va avoir une histoire sur les rêves de gloire d’une jeune femme qui ne se destinait pas à la chanson. On la verra s’enfoncer dans un délire au sens psychiatrique du terme jusqu’à commettre l’irréparable. Voulant remplacer la chanteuse star du moment, elle va l’imiter à la perfection jusqu’à se rapprocher de son manager, dommage pour lui…

Il y a aussi cette femme qui, terrorisée par son mari ultra jaloux, a choisi de se métamorphoser en araignée et en d’autres insectes. Mais des fois les apparences sont trompeuses et le mari qui pensait savoir ce qu’avait sa femme pourrait avoir une surprise. Il pensait qu’elle fuyait le monde réel enfermé dans son monde imaginaire. Le tout sur un fond de jalousie et de trahison conjugale qui amplifie le sentiment de mal-être. C’est à partir de cette histoire que le titre a été choisi.

la maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noirOn trouve aussi une femme qui, trompe son mari pour la première fois avec un ancien camarade de classe, mais la petite voisine regardait par la fenêtre. Un sentiment de culpabilité la rongea et avec celui-ci une peur que son mari découvre le pot aux roses, il finira par monopoliser sa pensée jusqu’à devenir une obsession qui l’angoissera à outrance quand des années plus tard cette même jeune fille travaillera dans l’entreprise du mari. Encore une fois le couple est au cœur de l’histoire et l’inavouable laisse un sentiment noir sur le récit plus que le gore ou le fantastique et la folie gagne du terrain au fil des pages. Cette folie est présente dans quasiment toutes les histoires, on aurait pu parler de la maison aux insectes dans notre article dédié à la folie mais on a préféré faire un article juste pour lui. Les autres histoires sont elles aussi centrées sur des malaises conjugaux, gâchant la vie des protagonistes jusqu’au au point de non-retour. Le maître de l’horreur comme tout le monde s’accorde à l’appeler, nous propose dans ces récits de donner un sentiment pesant plus que de nous effrayer au sens propre, néanmoins la lecture se fait avec une boule dans la gorge ne laissant pas de doute sur les intentions du maître lors de la conception de ces récits. Pour cela il va jouer subtilement sur la notion de morale ou encore de valeurs propres à chacun. En faisant des protagonistes des gens coupables de quelques choses, de graves ou non selon leurs valeurs et les nôtres, Umezu Kazuo arrive à faire la maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noirressortir cette culpabilité avec des dessins vintages mais puissants de réalismes ! Le travail sur les regards est juste énorme, on peut aisément dire que c’est le plus gros point fort du maître. On peut ressentir la frayeur et l’angoisse juste avec leurs yeux. Le travail du maître sur l’ensemble de l’oeuvre est inégale, certaines pages manquent de finesse dans le trait mais on se trouve en général avec des pages plus que satisfaisantes à ce niveau. Je mettrai une mention spéciale pour les dessins qui possèdent plein de petits traits le rendant si particulier et appréciable et les regards sont si forts… La peur pour le lecteur n’est pas vraiment dans le coté horrifique auquel on a le droit à tout va en ce moment avec des boyaux, des zombis ou encore des histoires de fantômes, là, il nous force à se mettre à la place des personnages et c’est en cela que c’est dérangeant. Ces personnes sont dans des situations particulièrement délicates avec des tromperies et des meurtres, mais on ne sait pas comment nous réagirions à leur place. Je pense que c’était l’effet désiré par Kazuo sensei, déstabiliser le lectorat sans le choquer visuellement outre mesure.

 

la maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noirPour conclure, on se trouve une nouvelle fois avec un titre d’Umezu Kazuo captivant, la lecture est limpide et on est surpris d’arriver aussi vite à la fin. C’est sûr que le côté ancien du dessin en rebutera plus d’un au premier abord et c’est bien dommage de passer à côté d’un titre comme celui-là. Cette collection du maître chez le Lézard Noir nous réserve d’autres surprises et ce côté « patrimoine » est encore une fois bienvenu pour nous lecteur. Un titre que je conseille si vous voulez découvrir une nouvelle sensation pendant la lecture et (re) découvrir les origines du manga d’horreur dont s’inspire les maîtres actuels tels que Junji Ito et d’autres.

L’otaku poitevinla maison aux insectes mushi no ie umezu kazuo le lezard noir

L’otaku poitevin

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