La grande pagaille du diletta [critique]

 Titre : La grande pagaille du diletta

Auteur : Osamu Tezukala grande pagaille du diletta

Nbr de tome : 1

Éditeur : FLBLB

Cible éditoriale : Seinen

Genres : Critique sociale, historique, science fiction, comédie

Année de parution :  jp 1968, fr 2013

 

 

 

L’auteur :

osamu tezuka Osamu Tezuka est reconnu comme étant le créateur du manga moderne. Il est une légende de part toutes les œuvres qu’il a laissé derrière lui. Né en 1928 à Osaka et mort en 1989, il est actif dès la fin des années 40. Médecin de formation il publia plus de 700 œuvres dans tous les styles !Quelques unes de ses œuvres : L’Histoire des 3 Adolf, Le Roi Léo, Astro boy, Black Jack, Phénix, Debout l’humanité

 

L’histoire :

la grande pagaille du dilettaLa Grande Pagaille du diletta commence avec une introduction assez longue. Un producteur d’émission de télévision avant-gardiste décide de démissionner de son poste car les producteurs et la direction ne comprennent pas ses choix artistiques. Il décide de voler de ses propres ailes et de créer sa boite de production. Il arrive à récupérer l’ancienne vedette d’un producteur pour qui il n’a aucune estime. Cette chanteuse était appelée la chanteuse masquée car elle avait un visage d’une laideur incomparable et en total inadéquation avec son talent vocal. Monzen (notre « héro ») est prêt à tout pour réussir, il décide donc de lui faire faire un régime afin qu’elle perde du poids afin qu’elle devienne l’égérie des Monzen production. Il veut l’embellir au point de penser à lui faire subir une opération de chirurgie esthétique. Il arrive un événement étrange lors du régime de Mie Sayuri (le nouveau nom de la Harumi Nagisa la chanteuse masquée), lorsqu’elle est affamée son visage devient si beau qu’on croirait voir quelqu’un d’autre. Ichiro Monzen décide donc de la laisser le ventre vide uniquement les jours où des activités sont organisées. Là, l’ami de toujours de Harumi se manifeste et refuse de voir la personne qu’il aime dans un tel désarroi. S’en suit un plan de Monzen pour « effacer » ce gêneur, Otohiko Yamabe se retrouve jeté du toit d’un immeuble en construction et finit dans le sous-sol de celui ci. Monzen qui croit en être débarrassé reprend ses activités jusqu’au jour où des médecins tombent dessus par un concours de circonstance. Il s’avère que Yamabe est devenu capable de transmettre aux personnes qui l’entourent, ses pensées et son univers fantasque de mangaka. Monzen en prend connaissance et décide de créer un nouveau style de média qui bouleversera les codes. Le diletta est né pour le meilleur de Monzen et peut être aussi pour le pire.

Critique :

Le scénario : la grande pagaille du dilettaD’une imagination plus que fertile, Osamu Tezuka nous livre ici un scénario d’une complexité et d’une fantaisie rare ! S’appuyant sur le climat social de l’époque avec les manifestations étudiantes et les quêtes de pouvoir des hommes influent. Sans oublier l’industrie des différents médias en place dans les années 60/70, il arrive à nous dévoiler les vicissitudes des différents acteurs de l’audiovisuel. Mêlant tour à tour drame, comédie, romance, sciences-fiction, critique sociale, on a du mal à croire que tous ces éléments arrivent à cohabiter au sein d’une seule et même œuvre.

Le dessin : La patte du maître est reconnaissable, les dessins noir et blanc qui datent de la fin des années 60 ont bien vieillis mais sont représentatifs des dessins de l’époque. Les décors avaient moins d’importance et les plans étaient moins dynamiques que les mangas d’aujourd’hui. Les styles évoluent et c’est normal, cependant ce n’est pas choquant, ils restent malgré tout soignés et clairs.

Avec ce titre, on a clairement une critique caricaturale de l’industrie artistique de cette période qui d’ailleurs est toujours d’actualité. Les producteurs ont les dents longues et sont prêt à tout pour réussir leurs business, rien ne les effraie pour arriver au succès. Pas même construire de toutes pièces une star « objet » qu’on use et abuse et qui est jetée quand les résultats ne sont plus aussi haut que prévus. La morale humaine est mise à rude épreuve avec ses producteurs. Ce n’est pas sans rappeler le titre HELTER SKELTER qui traite également de cette face obscure du show-business. Tezuka sensei parle aussi dans ce titre de la manipulation des masses via les médias, un sujet très sérieux dans une œuvre qui peut paraître fantasque à certains moments. En effet le diletta la grande pagaille du diletta(le nouveau média créé) peut asservir une foule en un instant et par ce biais, rendre le pouvoir disponible. Il y a une sorte de guerre pour savoir qui va en être l’heureux possesseur. La dangerosité de ce diletta est plus qu’évoquée dans le manga et devient même un enjeu. Régulièrement les sentiments et la notion même d’humanité sont piétinés par les producteurs et les notables, il s’agit là d’une caricature certes, mais elles sont toujours créées sur des vérités. On peut donc avoir une vision, celle de Tezuka, sur les malversations des maisons d’éditions et s’apercevoir que le tableau est plutôt sombre. Le rapport avec l’époque actuelle est faisable, sans trop forcer on pense aux pseudos stars de la télé réalité qui une fois passées de mode sont juste mis de coté. On les laisse à leur triste sorts après leur faire croire monts et merveilles. Avec le mouvement des « idoles » au Japon, c’est presque tous les jours qu’on peut observer ce phénomène, les « starlettes » sont mises en scène et laissées à l’abandon si les votes du public n’est pas assez bon.

Pour conclure, je dirais que ce manga est plus sérieux qu’il n’y paraît, le maître qui s’essayait à tous les genres a réussi à nous transmettre son ressenti de l’époque. On regrettera peut être un peu trop de confusion dans certains passages mais ils sont rares et l’évolution tout au long du livre est assez exceptionnelle. On est loin de penser à ce qui va arriver en commençant ce manga. L’imagination de Tezuka me surprendra à chaque fois !

L’otaku poitevin

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