Bonten Taro sex and fury [critique]

Titre original : Bonten Taro Sex and Furybonten taro 1

Année de parution : 2014

Cible éditoriale : Seinen

Genres : Gekiga, guerre et conflits, drame, ecchi, yakuza

Nombre de volume : 1 tome

Auteur : Bonten Taro

Éditeur : le lézard noir

 

L’histoire et l’auteur :

bonten taro 2

La femme fatale

Cet ouvrage n’est pas un simple manga, il s’agit d’un recueil de différentes petites histoires pour public averti. L’éditeur a voulu ici mettre en lumière un grand homme du manga, un artiste complet méconnu du grand public. C’est pour cela que la préface est longue avec des interviews et d’autres choses encore.

Il y a une biographie et des illustrations sont présentées. Cet homme était à la fois mangaka, chanteur itinérant, tatoueur spécialisé dans le tatouage de yakuza, acteur… Toute cette palette de talents est racontée en préface via des interviews données à Takeo Udagawa et Mitsuhiro Asakawa et renseigne sur la complexité du personnage et sur son parcours de vie atypique. Il fait parti des pionniers du manga et a commencé avec le kamishibai comme beaucoup d’autres grands noms. D’entrée de jeu on se dit que c’était un sacré bonhomme !

On y découvre également son importance dans le milieu du tatouage japonais et de son influence avec l’apport de couleur, de modification de machine et pour finir son école de tatouage.

Bonten Taro a été très prolifique, on lui attribut plus de 150 œuvres en sept ans seulement, et ce, uniquement pendant sa période gekiga. Il a également travaillé pour les magasines de Shojo et s’est spécialisé pendant une période sur les histoires de romances. Les récits de guerre, l’épouvante et d’autres styles encore ont fait de lui un vrai touche à tout dont on aura plusieurs extrait dans ce recueil. Il a publié jusqu’à plus de dix séries en même temps et s’est même permis le luxe de tout laisser tomber pour un voyage itinérant de plusieurs années, il ne supportait plus le système et voulait pratiquer ses autres arts. Il allait de ville en ville avec sa guitare sur le dos, il se débrouillait pour rencontrer les caïds locaux afin de leur proposer ses services en matière de tatouage. C’est en raison de ses connaissances dans le milieu de la pègre que Bonten Taro a été décrié. Le recueil d’histoire est propre, les histoires sont intéressantes et variées. On en redemanderait volontiers, elles se laissent lire rapidement et certains personnages sont bien charismatiques, notamment cette femme yakuza qui a un caractère bien forgé.

Critique : 

bonten taro 3Le style est ultra old school mais on ne s’attend pas à voire des dessins style « nekketsu » des années 2000 en achetant ce bel objet ! Le travail accompli au niveau du nettoyage des planches est énorme, elles étaient de mauvaises qualité et il a fallut de longues heures de cleaning pour les rendre propres. Je ne m’étendrai pas sur les histoires mais je ne peux qu’apprécier la dimension historique de celles-ci et approuver la démarche de créer de tels ouvrages. Son passé de soldat rend plus réel les histoires de guerre où sont traitées le sort des filles de réconfort ou les problèmes de hiérarchie au sein de l’armée.

Le personnage de la femme yakuza est bien réussi, on ressent toute l’intensité qui s’émane de cette femme poignante. C’est de ce modèle dont sont inspirés les différentes femmes yakuza par la suite que ce soit au cinéma ou dans d’autres BD.

Bonten Taro

Bonten Taro en train de tatouer l’acteur Charlie Sheen

Les histoires avec des tatoueurs reviennent souvent, on sent l’attachement de l’auteur à cet art et le désir de l’éditeur de rassembler ces histoires afin de d’associer Bonten Taro avec le tatouage. Celui-ci est l’essence même de cet ouvrage, les illustrations présentent en début de livre sont vraiment belles et sont peut être des réalisations du maître mais on ne le saura jamais car les personnes tatouées étaient des yakuzas et restaient discrètes. Ce qui est sûr c’est que l’auteur avait une réputation internationale en matière de tatouage et de graphisme, Mohammed Ali a demandé à avoir un peignoir confectionné par le maître pour un combat au Japon. Et l’acteur Charlie Sheen s’est fait tatouer lors d’un passage au pays du soleil levant.


bonten taro 4La nudité est aussi très présente dans les histoires et les illustrations, les seins sont souvent apparents mais on n’est pas dans du fan service et le corps de la femme est respecté et a des proportions normales. Les tatouages étant faits sur de grandes surfaces, il est naturel de les dévoiler.  L’amour entre femme est aussi suscité dans certaines histoires mais une fois de plus il n’y a aucune perversité dans ce fait. Mais nous sommes dans un manga pour adulte ne l’oublions pas et il est courant dans ce genre d’ouvrage de créer des désirs ou de susciter du fantasme dans l’imaginaire du lectorat. Les histoires d’épouvantes sont aussi étranges qu’inattendues, en effet elles arrivent dans le recueil comme un cheveu dans la soupe. Le maître aimait bien ce style et en a publié beaucoup. Les cadavres et autres zombies sont bien dessinés dans un style qui lui est propre. Je ne sais pas quel impact pouvait avoir ce genre d’histoire à l’époque, de nos jours nous avons vu et revu tout un panel de film d’horreur et d’épouvante, donc on peut dire que nous y sommes habitués.

Pour conclure, je dirai que je n’avais pas encore parlé de la couverture super épaisse en carton avec le titre gravé en argent à chaud dessus, de la reliure qui lui donne un aspect noble et de son épaisseur au vu des 450 pages de papier épais qui le rend plus que deluxe ! Nous avons donc là un ouvrage plus qu’atypique, ce n’est pas un simple recueil d’histoire, c’est un véritable hommage au maître qui plaira aux amateurs de cinéma asiatique comme aux fanatiques de tatouages japonais. De plus le livre a été sélectionné pour concourir au festival de la BD d’Angoulême 2015 dans la catégorie « patrimoine », encore un gage de qualité.

BONTEN TARO SEX AND FURY

L’otaku poitevin

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